Une demi-victoire pour les opposants à la gravière du chemin Fitch Bay

AGRICULTURE. La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) accepte de prolonger de cinq ans l’exploitation de la gravière/sablière située sur le chemin de Fitch Bay, à Magog. Elle refuse toutefois la demande d’agrandissement pour un terrain voisin.

L’un des voisins qui s’opposent à l’expansion du site exploité par le Groupe Lapalme, François Pelletier, applaudit à moitié. Il se dit satisfait de réduire la durée de l’exploitation actuelle à cinq ans, contrairement aux 10 ans d’abord souhaités par l’entreprise de construction.

Quant à la demande d’agrandissement formulée par des voisins favorables, elle a été refusée par la CPTAQ. Dans un avis de modification de l’orientation préliminaire émis le 28 mars 2024, on lit que ce dossier «a été fermé administrativement par la CPTAQ en raison de sa non-conformité au règlement de zonage de la Ville de Magog. Cette demande est donc irrecevable.»

M. Pelletier craint que ce dossier revienne à la case départ avec une nouvelle demande d’agrandissement. «J’ai l’impression que ça retournera à la CPTAQ après des modifications réglementaires, car les élus semblent souhaiter l’expansion du site», s’inquiète-t-il.

François Pelletier espère que la Commission maintiendra sa position, dont l’un des aspects est la protection de l’agriculture. Dans le même document juridique, les commissaires Éric Bélanger et Gilles P. Bonneau (vp) se disent «préoccupés par le fait que certains sites supportent des activités d’extraction pendant plusieurs décennies, les rendant indisponibles pour la pratique de l’agriculture et de la sylviculture sur une longue période.»

«On constate que l’agriculture se développe dans ce milieu, observe-t-on aussi dans la décision de la CPTAQ. Une exploitation agricole située à proximité du site visé est d’ailleurs en démarrage depuis quelques années. Le potentiel agricole de ce milieu est intéressant et on tente de remettre en culture certaines superficies par l’implantation de camerises, de fraises, de framboises et autres petits fruits, ainsi que des fleurs et des légumes dont la qualité pourrait être affectée par la poussière de l’exploitation de la sablière-gravière.»

La CPTAQ autorise l’opération du site pour cinq ans, le temps de l’exploiter à terme, en plus d’imposer le reboisement et la remise en état d’agriculture à l’échéance.

LA VILLE EN ATTENTE

Pour sa part, la mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, mentionne que le dossier suit son cours dans l’attente de l’avis final de la CPTAQ et de l’opinion du ministère des Affaires municipales. «Si les conclusions attendues sont favorables au renouvellement, la Ville, avant d’entamer toute démarche de modification réglementaire, mandatera un agronome indépendant pour obtenir un avis neutre et objectif sur le potentiel agricole du terrain visé par l’agrandissement», explique-t-elle.

Mme Pelletier rappelle que l’exploitation de la gravière-sablière est en cours depuis près de 30 ans (Groupe Lapalme depuis 1995). «Dans l’éventualité où la gravière-sablière devait cesser ses opérations sur ce site, elle devrait vraisemblablement être relocalisée ailleurs sur le territoire. Or, l’impact serait possiblement plus grand pour la collectivité. L’emplacement actuel a l’avantage d’être entouré d’aires boisées et à bonne distance des résidences voisines. Il est donc propice à ce genre d’activités», termine-t-elle.