Un Magogois à la défense des agriculteurs à Tout le monde en parle

REVENDICATIONS.  À la présidence de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) depuis le 15 mars dernier, le Magogois David Beauvais a vécu un baptême médiatique dont il se souviendra longtemps, alors qu’il a été invité récemment sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, pour discuter de la crise qui secoue actuellement le milieu agricole au Québec.

Le Magogois a participé à la grande messe télévisuelle du dimanche soir le 31 mars, en compagnie de la productrice Florence Lefebvre St-Arnaud, afin de témoigner des enjeux qui secouent actuellement leur secteur d’activités. Pour David Beauvais, cette vitrine était une occasion inespérée pour interpeller le gouvernement sur l’urgence de la situation, mais également sensibiliser la population sur le rôle qu’elle peut jouer. 

«Évidemment, ce serait mentir de dire que je n’étais pas stressé. C’était ma première expérience à Tout le monde en parle et sans doute la dernière!», lance-t-il en riant. Mais en même temps, c’était une opportunité de nous faire entendre. Je pense que nous avons réussi à bien transmettre notre message. Sur le plateau, les invités semblaient vraiment interpellés par notre situation», partage M. Beauvais. 

Comme l’explique le président de la FRAQ, le milieu agricole traverse une crise sans précédent, avec des coûts qui explosent et conséquemment, une marge de profit de plus en plus mince. Cette réalité frappe particulièrement les jeunes agriculteurs, selon M. Beauvais, qui sont nombreux à devoir occuper un double emploi pour réussir à maintenir leur entreprise en vie, au péril de leur santé physique et mentale.

Le sentiment de travailler dans le vide

C’est justement le cas de David Beauvais qui, en plus d’opérer sa propre ferme ovine, occupe un emploi comme conseiller en génétique. «On travaille des 80 à 90 heures par semaine pour, au final, se retrouver avec très peu d’argent dans nos poches. Oui, c’est un métier que l’on fait par passion, mais un moment donné, cette passion a des limites et c’est pour ça qu’il y a tant de personnes qui sont au bout du rouleau et qui décident d’abandonner. Quand on fait autant de sacrifices personnels dans la vide, et qu’il faut se battre en plus pour se faire entendre par le gouvernement, c’est évident que ça crée beaucoup de frustrations.»

D’ailleurs, une importante manifestation est prévue le 22 avril prochain à Sherbrooke alors que tous les acteurs du milieu agricole de la région se rassembleront, avec ou sans tracteur, dans le stationnement de la Fédération de l’UPA-Estrie.

Se mobiliser pour se faire entendre

Même s’il risque d’y avoir quelques perturbations lors de cette journée, notamment sur la circulation, David Beauvais assure qu’il n’est aucunement question de prendre la population en otage pour faire valoir ces revendications. «On ne veut pas se mettre la population à dos. Au contraire, on veut que les gens nous supportent et soient avec nous dans cette bataille . Une autre façon de nous aider est de favoriser les produits locaux, avec le même amour que lors de la pandémie, surtout que les prix sont souvent similaires. Tout le monde a un rôle à jouer pour sauver notre agriculture et assurer son avenir pour les générations futures et les consommateurs de demain.»

Parmi les revendications faites aux instances gouvernementales, la FRAQ propose une protection du taux d’intérêt à un seuil de 3% pour les années à venir ainsi qu’une modernisation des programmes gouvernementaux pour qu’ils soient plus adaptés aux réalités d’aujourd’hui. «Le gouvernement consacre moins de 1% de son budget dans l’agriculture, avec des programmes d’une autre époque qui n’ont pas été indexés au coût de la vie depuis plusieurs années. C’est loin d’être suffisant. Il faut investir massivement dans l’agriculture, et en faire un projet de société, au lieu de se contenter de simples programmes d’aide ou de dédommagement qui ne règlent rien à long terme», conclut M. Beauvais.