Sigrid Fisher peint pour s’exprimer et pour rester jeune

CULTURE. Sigrid Fisher ne fait pas son âge. Alerte et vive d’esprit, elle s’inspire de l’époque contemporaine pour développer son style abstrait influencé par la nature. Ses dessins d’enfance sont devenus un hobby, puis une passion qui se propage dans les maisons et les galeries d’arts d’Amérique du Nord et du continent européen.

Pour cette nonagénaire, la peinture représente un geste pour exprimer sa tristesse ou sa joie. «Peindre et partager mon art me garde jeune et active, confie-t-elle. À notre âge, c’est très important d’avoir et de conserver des intérêts.»

On peut admirer son exposition à la Galerie Courtemanche jusqu’au 5 novembre, mais ses oeuvres y demeureront plus longtemps. Chaque trait et coup de pinceau qu’on y trouve sont précédés par une longue expérience de vie. Ontarienne de naissance d’une mère suédoise, elle rencontre son futur conjoint Donald Fisher lorsqu’ils travaillent tous les deux pour la chaîne de magasins Eaton, à Montréal.

À l’époque, elle dessinait des vêtements pour la publicité de cette grande entreprise commerciale. Le couple a longtemps fait la navette entre Montréal et Austin avant de s’installer en permanence sur les rives du lac Memphrémagog, tout juste derrière l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac. Mme Fisher y a longtemps vécu avec son conjoint décédé de la maladie d’Alzheimer en 2019. Cette maison était la propriété de la famille Fisher depuis sept générations avant de s’en départir, il y a quelques années à peine.

Elle se rappelle, comme si c’était hier, lorsque son père lui apportait des crayons et du papier pour s’allonger sur le plancher et dessiner. Beaucoup de chemin parcouru donc avec des expositions à Toronto, Montréal, Sherbrooke, Georgeville et Austin.

Marcel Courtemanche, qui s’occupe d’elle depuis plusieurs années, ajoute qu’elle vend tout ce qu’elle fait. Ses oeuvres se retrouvent dans de grandes maisons privées, mais le public l’apprécie également, comme le prouvent les 700 visiteurs venus chez elle lors d’une précédente édition du Circuit des arts Memphrémagog.

Tout comme les multiples amoureux de son art, la copropriétaire de la Galerie Courtemanche, Annick Valiquette, apprécie les talents de Mme Fisher. Mme Valiquette compare même cette artiste à l’oeuvre de Françoise Sullivan. Née en 1923, cette dernière est une peintre, sculptrice, chorégraphe et danseuse québécoise, qui a notamment cosigné le Refus global en 1948. Montréal l’a récemment honorée en dévoilant une grandiose murale extérieure.

Mme Fisher n’a peut-être pas de murale en son honneur, mais elle peut se vanter d’attirer l’attention de plusieurs amateurs d’art, tout en se gardant en santé grâce à la culture. «Peindre, c’est toute ma vie», termine-t-elle.