Magog impose le projet des Jardins de la Falaise

HABITATION. La Ville de Magog utilisera la Loi 31, qui a été officialisée par le gouvernement du Québec en février dernier, pour imposer le projet immobilier des Jardins de la Falaise sur la rue du Sergent-Arthur-Boucher.

Adoptée dans un contexte de pénurie de logements, cette mesure accorde à certaines municipalités un pouvoir temporaire d’autoriser des projets d’habitations sans registre ni référendum. En d’autres termes, les élus magogois permettent au promoteur d’aller de l’avant malgré la contestation du voisinage. 

Il y aura tout de même une assemblée publique de consultation à l’hôtel de ville, mardi prochain (26 mars) à 19 h, mais la Loi 31 élimine les étapes du processus habituel. Cette résolution pourrait être entérinée aussi rapidement que le 2 avril. 

La Ville motive cette première décision de ce genre par la «nécessité de densifier et d’aménager différemment le territoire pour augmenter l’offre des logements».

La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, se dit consciente que cette position ne fera pas l’unanimité auprès du voisinage. «Je demande à la population de faire preuve d’ouverture puisque votre conseil est convaincu que le projet n’aura pas les effets négatifs redoutés par certains citoyens du secteur, lit-on par voie de communiqué. La décision d’aller de l’avant avec ce projet peut être qualifiée d’audacieuse par certains. Nous la considérons surtout comme une décision cohérente avec notre vision de développement qui doit absolument s’adapter aux besoins actuels en matière d’offre d’habitation.»

De plus, le conseil est d’avis que cette construction représente une «densification douce» malgré l’édifice qui aura entre 16 et 20 unités, en plus de 38 cases de stationnement souterrain.

Mme Pelletier assure que ce projet s’est amélioré au fil des versions déposées, et ce, dans un souci de respecter les habitations et les gens en place. Sur le plan environnemental, la mairesse apprécie la grande proportion de couverture boisée préservée et la présence d’un bassin de rétention pour récupérer les eaux de pluie.

Les élus estiment également que la sécurité des lieux sera conservée, surtout que la rue du Sergent-Arthur-Boucher sera maintenue en cul-de-sac. Rappelons que la réglementation en vigueur permettrait de rouvrir cette artère et de construire plutôt un potentiel de six bâtiments.

UNE GRANDE DÉCEPTION

Citoyenne du secteur, Guylaine Morin a manifesté sa « grande déception » lors de la séance publique du conseil municipal, lundi dernier (18 mars). « Nous avons été bernés, car nos commentaires n’ont pas été pris en compte, déplore-t-elle. Notre opposition aurait probablement bloqué ce projet, surtout que plusieurs voisins ne se sont jamais exprimés publiquement. »

Mme Morin croyait que la Loi 31 avait été adoptée pour augmenter le nombre de logements abordables. « Ici, on encourage plutôt une habitation pour des gens bien nantis », a-t-elle lancé avec irritation.

Le conseiller municipal de ce district, Bertrand Bilodeau, a été l’unique élu à voter contre cette résolution en début de semaine. Il n’a pas expliqué sa décision.

Par contre, le conseiller Samuel Côté estime que la réalisation de ce projet sera avantageuse sur plusieurs points de vue pour le voisinage, surtout en raison du maintien de la rue du Sergent-Arthur-Boucher en cul-de-sac. « Il faut également créer davantage d’habitations pour faire baisser les prix des maisons et des logements », ajoute-t-il.

Pour sa part, le conseiller Sébastien Bélair a mentionné que c’est le gouvernement du Québec qui oblige les municipalités à densifier leur territoire. « La Loi 31 est utile lorsque des gens veulent toujours bloquer des constructions derrière leur maison », commente-t-il.

Information supplémentaire au www.ville.magog.qc.ca/jardins-falaise .