Le visage de la faim change aussi dans Memphrémagog
SOCIÉTÉ. Les personnes issues de l’itinérance et de l’immigration font leur entrée à la Banque alimentaire Memphrémagog (BAM) en effectuant de plus en plus de demandes d’aide alimentaire.
Les gens sans toit et les étrangers contribuent au changement du visage de la faim dans la MRC. Ces groupes ont aussi des bouches à nourrir et souffrent également de la flambée des taux d’intérêt et des prix à la consommation.
Ils étaient cependant absents des registres de la BAM depuis quelques années. Depuis neuf mois environ, elles sont entre 70 et 90 personnes étrangères à solliciter mensuellement l’aide alimentaire. Elles habitent ici après avoir quitté leur pays d’origine, venant d’aussi loin que l’Europe de l’Est, l’Afrique et l’Amérique du Sud.
Quant aux personnes sans toit, elles sont parfois jusqu’à 18 individus différents par mois à cogner à la porte de la BAM pour manger.
La directrice générale de la BAM, Karine Beaupré, ajoute des familles et des parents qui travaillent parmi sa liste de bénéficiaires. «La grande majorité des gens aidés sont célibataires, locataires et bénéficient de l’aide sociale, détaille-t-elle. Les familles ayant des bouches à nourrir sont toutefois de plus en plus nombreuses.»
EXPLOSION DES DEMANDES
Ce nouveau portrait de la faim explique partiellement l’explosion des demandes d’aide alimentaire depuis les neuf derniers mois. Comparativement aux périodes similaires de l’année précédente (2022-2023), la Banque alimentaire a observé des hausses successives de 40%, 34 % et de 55% à chacun des trois premiers trimestres de son année financière qui s’achève.
Mme Beaupré compare ces statistiques à des sommets historiques. L’unique hausse de 55% se traduit par un nombre de personnes aidées qui est passé de 1554 à 2415 sur une période de trois mois. Cela représente 675 à 927 ménages aidés d’une année à l’autre.
Malgré une clientèle vulnérable plus nombreuse, la directrice générale assure que chaque aide alimentaire a conservé la même quantité de nourriture. Selon la BAM, chacun des paniers offerts gratuitement et mensuellement vaut 320$ en moyenne.
«On maintient le rythme grâce à la générosité de nos donateurs en argent et en denrées, explique-t-elle. Cet élan de solidarité nous permettra aussi de doubler la superficie de notre épicerie et de servir davantage de familles et de bénéficiaires.»
Cette croissance devra toutefois s’accompagner de nourriture suivant le même rythme. La plupart des commerces d’alimentation de la région font déjà largement leur part. La BAM vient de recruter la cafétéria de l’hôpital de Magog pour le don quotidien de repas portionnés, mais pas distribués aux patients. L’organisme amorce des démarches auprès de maraîchers. Il courtisera bientôt des écoles, des résidences pour retraités et des garderies pour réduire au maximum le gaspillage alimentaire, et ce, au profit des gens affamés.
Craignant que la courbe poursuive son ascension, la BAM sollicite les donateurs privés, les commerces et les organismes pour divers dons, mais aussi pour toutes formes de collaboration. «Nous devrons déployer plus d’efforts pour nous faire davantage connaître aux quatre coins de la MRC afin d’aider le plus de gens possible», termine Karine Beaupré.
FAITS SAILLANTS (avril à décembre dernier)
- Les denrées récoltées auprès de 25 fournisseurs, 7 organismes et 3 écoles de la MRC frôlaient le million de dollars.
- 652 livraisons pour des familles qui ne pouvaient se déplacer.
- Hausse de 40%, 34% et 55% à chacun des trimestres.
- La distribution quotidienne de surplus alimentaire à «La Dépense» est fréquentée par 30 à 35 personnes par jour.