Accident d’ambulance sur l’autoroute 10: l’infirmière gravement blessée se confie
TÉMOIGNAGE. Le 19 novembre dernier, une nouvelle a créé une onde de choc dans la région et au Québec alors qu’une ambulance a été impliquée dans un grave accident sur l’autoroute 10, à la hauteur d’Eastman. À bord du véhicule d’urgence, on y retrouvait deux paramédics, une femme enceinte et deux infirmières, dont Katrine -Roy, dont la gravité de ses blessures laissait craindre le pire.
Pour la preimère fois depuis l’accident, Katrine Roy s’est confiée sur ce qu’elle a vécu en accordant une entrevue à l’animatrice Sophie Durocher le 11 janvier dernier, sur la plateforme QUB. Durant une vingtaine de minutes, la femme de 23 ans demeurant à Saint-Jean-sur-Richelieu revient sur les événements qui l’ont plongée dans un coma artificiel durant près deux semaines, en raison de la sévérité de ses blessures, dont de multiples fractures.
Elle raconte notamment n’avoir aucun souvenir de cette journée où sa vie a basculé, elle qui a été retrouvée dans un fossé par des premiers répondants après avoir été éjectée. « Habituellement, je suis toujours attachée, mais l’accident s’est produit lorsque j’étais en train de faire des soins, donc j’étais détachée malheureusement. Je pense avoir perdu connaissance dès le début de la sortie de route, car je ne me rappelle aucunement de cette journée ni lorsque j’étais aux soins intensifs et dans le coma. »
Un réveil brutal
Celle qui travaille comme clinicienne en natalité et pédiatrie, et qui accompagnait une femme enceinte dont le « travail » avait commencé, raconte s’être réveillée le 1er décembre au centre hospitalier de Sherbrooke. Évidemment, le retour à la réalité fut brutal pour la principale intéressée, qui était convaincue qu’il s’agissait d’un cauchemar. « Quand je me suis levée pour aller aux toilettes pour la première fois et que je me suis vue dans le miroir, avec mon visage, mon collet cervical et ma jaquette d’hôpital, j’ai réalisé que c’était bien moi et je me suis effondrée en larmes. À ce moment, j’étais dans le néant et je me demandais ce qui était arrivé et si j’allais redevenir normale un jour. Et c’est après qu’une travailleuse sociale est venue me rencontrer et me raconter tout ce qui s’était passé. »
Des fractures au cou, à l’humérus gauche et à de nombreuses côtes, un pneumothorax, une corde vocale paralysée et un traumatisme cranio-cérébral sévère, voilà une partie du bilan médical qui n’avait rien d’encourageant. Pas surprenant que la patiente ait été submergée d’idées noires à ce moment, comme elle le raconte. « Une des premières choses que j’ai dite à mon conjoint est que j’aurais été mieux morte. Mais après coup, je me suis dit que je valais plus que ça et que c’était même un miracle que je sois encore sur mes deux jambes, avec toute ma tête. »
Katrine Roy est une infirmière clinicienne en natalité et pédiatrie au CISSS de la Montérégie-Centre. (Photo tirée de Facebook)
Prouver que rien n’est impossible
Il faut dire qu’en plus d’avoir trompé la mort, la jeune infirmière a déjoué les pronostics à bien des niveaux, par énormément de détermination et de chance, comme le mentionne Sophie Durocher à son micro. D’une part, sa fracture au cou a passé bien près de toucher sa moelle épinière, ce qui l’aurait rendu tétraplégique pour le reste de ses jours. D’autre part, elle a utilisé son « caractère de têtue » à son avantage dans son processus de guérison.
« Dans la vie, je me suis toujours fixé des objectifs, alors mon but était d’avoir mon congé de l’hôpital avant Noël, même si mes parents disaient que c’était impossible. Je me suis mise à travailler très fort en pensant à ce que j’aime, que ce soit mon métier, m’entraîner et passer du temps avec mes amies. Je me disais que si j’abandonne et que je m’apitoie sur mon sort, je ne pourrais plus faire ces choses », raconte celle qui a dû notamment réapprendre à marcher et à manger.
Finalement, à la surprise de tout le monde à l’exception d’elle, Katrine Roy est retournée à la maison le 19 décembre. Elle poursuit sa réhabilitation depuis. Son prochain objectif est de ne plus avoir de collier cervical à la Saint-Valentin. Elle vise aussi sa date d’anniversaire du 17 mai prochain comme une occasion de tourner la page sur cette épreuve. « J’espère qu’à ma fête, j’aurai retrouvé une bonne partie de moi et mes habitudes d’avant, comme d’être capable de conduire une voiture. Même s’il y a des moments plus difficiles, j’essaie toujours de me rattacher au positif. Et heureusement, j’ai la chance d’avoir une famille et des amis exceptionnels. Ils sont là pour m’épauler et ils m’écrivent tous les jours. Je ne peux pas demander mieux ! », conclut-elle.