Une coupe d’arbres modifie le paysage des « Quatre-Fourches »

TRAVAUX. Plusieurs arbres ont été récemment abattus sur un terrain vacant du secteur des « Quatre Fourches » de Magog, modifiant considérablement le paysage de cette importante intersection, d’autant plus que l’imposante Maison des aînés y prend de plus en plus forme.

Le propriétaire du terrain, la famille Lamarre, assure que le ministère de l’Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faunes et Parcs (MELCCFP) lui a remis tous les permis et les autorisations avant de procéder. Le porte-parole des promoteurs, Dominic Lamarre, ajoute qu’il est trop tôt pour dévoiler un projet ou un concept commercial à cet endroit. Aucun plan n’a d’ailleurs été déposé à l’hotel de ville jusqu’à maintenant.

Le retrait du couvert forestier semble avoir surpris la mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, tout comme plusieurs citoyens étonnés de ce déboisement. Après vérification interne, elle a constaté que les divisions municipales concernées étaient néanmoins au courant de ces démarches. « Le dossier ne s’est pas rendu jusqu’au conseil, car il est sous le juridiction du ministère », explique-t-elle.

Mme Pelletier invite néanmoins le MELCCFP à informer davantage les Municipalités dans des cas semblables. Selon elle, ce ministère intervient lorsque des travaux de déboisement et de remblai touchent des zones humides, comme ici à l’intersection de la route 112 et des chemins Southière et Roy. Par contre, c’est la Ville qui gère et règle ces mêmes demandes sur un terrain sans zone humide ni hydrique.

En d’autres termes, le conseil municipal n’a aucun droit de regard sur ce terrain quant aux travaux de remblai et de déboisement. Mme Pelletier dit bien vivre avec ce partage de responsabilités. Elle s’interrroge toutefois sur l’autorisation accordée aux travaux sans projet concret sur la table. « Est-ce pertinent de couper des arbres maintenant, car une construction peut commencer dans seulement deux ou dix ans, s’inquiète-t-elle. On ne le sait même pas. On pourrait -peut-être améliorer les procédures. »

UN MILIEU HUMIDE EN PÉRIL

Dans le cas qui nous concerne, on sait que le propriétaire du terrain a une entente avec le ministère de l’Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faunes et Parcs (MELCCFP) pour y détruire 3339 mètres carrés de milieux humides.

Tel que permis par la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques adoptée en 2017, les propriétaires ont payé 61 000 $ pour obtenir l’autorisation d’effectuer des travaux de remblai « en milieux hydriques et humides pour l’implantation de locaux commerciaux ». Cette somme équivaut à une compensation financière qui servira, éventuellement, à protéger ou à créer d’autres milieux humides dans la région.

Une visite sur le terrain a permis de constater que les travaux de remblai ne semblaient pas avoir été faits, contrairement à l’abattage d’arbres.

La Ville disait récemment qu’elle n’était pas au courant de cette entente, tout comme celle liant ce même ministère et Canac à proximité du Walmart. À cet endroit, l’entreprise a payé 66 300 $ pour éventuellement déplacer un milieu humide de 8564 mètres carrés.

RÉACTIONS DU MINISTÈRE

Pour sa part, le ministère de l’Environnement assure que les demandeurs ont l’obligation de transmettre leur demande au ministère et à la Municipalité concernée, et ce, en vertu de Loi sur la qualité de l’environnement.

Par contre, les visites sur le terrain ne sont pas systématiques pour évaluer les demandes des propriétaires. La porte-parole régionale du ministère, Ghizlane Behdaoui, précise qu’une visite n’a pas été nécessaire ici, car les études des milieux naturels étaient conformes aux exigences du MELCCFP. « Pour ce dossier, une rencontre a eu lieu préalablement au dépôt de la demande pour discuter des options possibles pour éviter et minimiser l’empiétement en milieu humide et hydrique », détaille-t-elle par voie écrite.

Une vérification sur le terrrain pour valider la conformité des travaux n’est pas systématique, non plus. Pour ce terrain de la route 112, le Ministère n’a pas réalisé d’inspection sur les lieux suite à la délivrance de l’autorisation. « Le MELCCFP effectue une priorisation des projets autorisés à suivre en fonction de leurs risques environnementaux. Cette prise en compte du risque permet au Contrôle environnemental d’être plus efficient en orientant les inspections dans des secteurs à plus forte probabilité de non-conformité et de prioriser les secteurs où les impacts environnementaux sont les plus importants », ajoute-t-on.

Des élèves de Montessori demandent à Ville d’acheter le terrain voisin.