Stanstead: un aménagiste veut sauver un bâtiment unique au Canada

PATRIMOINE. Un aménagiste de Sherbrooke lance un appel à tous pour empêcher la destruction d’un immeuble cité patrimonial à Stanstead. Il s’agirait vraisemblablement du plus vieil édifice ayant été utilisé comme bureau de douanes qui subsiste au Canada.

François Deschênes monte aux barricades pour conserver un bâtiment qu’il juge important et unique au Canada. « Quelle attention portons-nous au patrimoine, dans les Cantons-de-l’Est, pour que cette histoire ait échappé à notre attention? » s’interroge-t-il dans une lettre adressée au Reflet du Lac (voir commentaire intégral ici)

Le bâtiment en question date du début du 19e siècle. Construit vers 1810, l’édifice Wilder-Pierce a été occupé par un des premiers postes de douane au pays. « Le seul encore debout apparemment », précise-t-il.

« Il a aussi logé la Eastern Township Bank, la banque des Cantons-de-l’Est. L’édifice est d’un style particulier. Il participe à la beauté architecturale de la grande rue principale de Stanstead, autrefois la porte d’entrée vers les États-Unis. C’est par là qu’on allait à Boston », rappelle-t-il.

M. Deschênes ne comprend pas pourquoi une Municipalité et un propriétaire ne peuvent s’entendre pour conserver ce bâtiment, qui a été cité immeuble patrimonial par la même Ville en 2009 pour sa grande valeur architecturale et historique.

Il invite les deux parties à discuter de gré à gré plutôt que devant les tribunaux pour sécuriser et sauvegarder l’immeuble de la rue Dufferin. « Combien d’argent public dépensé en procédures judiciaires pour raser un édifice qui mérite pourtant d’être sauvé au nom de la richesse de toute une société? », se questionne-t-il en rappelant que des subventions sont disponibles pour restaurer ce bâtiment.

« Cette affaire ne concerne pas uniquement Stanstead. C’est la richesse culturelle de toute une société qui se trouve en jeu dans la préservation de témoins pareils. L’édifice Wider-Pierce, du nom d’un des bâtisseurs des Cantons-de-l’Est, doit être sauvé et mis en valeur. Sommes nous trop pauvres pour avoir la joie, tous ensemble, de jouir de la richesse de notre culture et de notre histoire commune?», conclut M. Deschênes.  

Le maire de Stanstead, Jody Stone, hésite avant de commenter un dossier actuellement devant les tribunaux. Il se contente de dresser un court historique des communications entre la Ville et le propriétaire qui détient le bâtiment depuis 2005. 

Le premier magistrat se rappelle que c’est ce même propriétaire qui a demandé la citation patrimoniale afin de subventionner plus facilement des travaux. La Ville a procédé en 2009, mais aucune rénovation n’a été effectuée à ce jour. 

M. Stone signale que ce n’est pas à la Ville de Stanstead à payer quelque 170 000 $ pour sécuriser les lieux. Cette somme exclut des travaux d’entretien comme le changement de fenêtres et une cure de rajeunissement. La facture serait de 750 000 $ pour retaper l’immeuble à neuf, selon M. Stone.

« On a demandé à de nombreuses reprises d’effectuer des travaux pour sécuriser et stabiliser les lieux, signale-t-il. On veut juste éviter que des enfants s’y blessent en y accédant. »

La prochaine étape risque d’être une autorisation de démolir par la Cour supérieure si rien ne bouge dans les prochains jours.