TRIBUNE LIBRE: Destruction prochaine à Stanstead du plus vieux poste de douane au Canada?

Le plus vieux poste de douane au Canada, situé à Stanstead, sera-t-il bientôt démoli? Un quotidien de Montréal signale cette curieuse affaire. Quelle attention portons-nous au patrimoine, dans les Cantons-de-l’Est, pour que cette histoire ait échappé à notre attention?

Le bâtiment en question date du début du XIXe siècle. Construit vers 1810, l’édifice Wilder-Pierce a été occupé par un poste de douane. Un des premiers du Canada. Le seul encore debout apparemment. Il a aussi logé la Eastern Township Bank, la banque des Cantons de l’Est. L’édifice est d’un style particulier. Il participe à la beauté architecturale de la grande rue principale de Stanstead, autrefois la porte d’entrée vers les États-Unis. C’est par là qu’on allait à Boston.

Au 19e siècle, pour toutes sortes de raisons, Stanstead avait un avenir plus prometteur que celui de Sherbrooke. C’est ce qui explique d’ailleurs que cette petite ville frontalière compte encore autant de beaux édifices historiques. La joie que procure un paysage urbain pareil, c’est tout le monde qui en profite encore aujourd’hui.

Alors pourquoi démolir un bâtiment aussi important, jugé unique au Canada? À en croire les informations qui ont filtré par les journaux, la Ville ne s’entend pas avec le propriétaire de l’immeuble. Elle avait pourtant cité le bâtiment, au nom de la loi, pour sa grande valeur architecturale et historique. Et maintenant, la Ville retourne sa chemise de bord! Elle voudrait obtenir le droit de démolir l’édifice. Elle s’est adressée à la Cour à Sherbrooke. Comme la Ville ne s’entend pas avec le propriétaire de l’édifice, c’est l’édifice historique qui paye de son existence même! Combien d’argent public dépensé en procédures judiciaires pour raser un édifice qui mérite pourtant d’être sauvé au nom de la richesse de toute une société?

En plus, le gouvernement à Québec a indiqué, toujours à en croire les journaux, que des subventions sont disponibles pour restaurer ce bâtiment! Les frais de restauration seraient assurés par Québec. Entre 40 et 75% des frais de restauration seraient payés. Ce n’est pas rien!

La Municipalité de Stanstead estime que la restauration coûterait au total 167 000 $. Donc, il resterait à payer entre 40 000 et 100 000 $ pour préserver ce bâtiment unique et le mettre en valeur. Au Québec, nous ne serions pas capables de trouver une somme pareille tous ensemble pour assurer l’avenir de notre passé? Voyons donc!

Sans compter qu’il est vraisemblable que le gouvernement fédéral serait lui aussi intéressé à soutenir financièrement la restauration d’un tel bâtiment. Autrement dit, il y a là une possibilité importante pour que Stanstead s’enrichisse au final d’un beau bâtiment historique à l’architecture unique. Mais plutôt que de s’enrichir dans une vision d’avenir, on pense à le détruire!

Cette affaire ne concerne pas uniquement Stanstead. C’est la richesse culturelle de toute une société qui se trouve en jeu dans la préservation de témoins pareils.  L’édifice Wider-Pierce, du nom d’un des bâtisseurs des Cantons de l’Est, doit être sauvé et mis en valeur.  

Sommes nous trop pauvres pour avoir la joie, tous ensemble, de jouir de la richesse de notre culture et de notre histoire commune? 

Article et réplique du maire ici. 

François Deschênes, aménagiste

Sherbrooke