Sauna flottant au quai MacPherson: le mouvement d’opposition prend de l’ampleur

AFFAIRES MUNICIPALES. Les opposants au projet de sauna flottant au quai MacPherson se font de plus en plus insistants. Forts de deux pétitions comptant près de 800 signatures, ils espèrent convaincre le conseil municipal de Magog de renverser la vapeur à leur avantage.

Les signataires réclament un moratoire sur toutes formes de projet commercial sur le quai et sur les rives voisines du lac Memphrémagog qui sont sous juridiction municipale. Ils souhaitent freiner les intentions des promoteurs, le temps d’entreprendre une réflexion plus vaste sur les usages à permettre à cet endroit.

L’instigateur de la pétition publiée sur le site web change.org, Pierre-Marie Trottier, invite la population à signer en grand nombre. Selon lui, ils sont plusieurs à penser que la construction d’un sauna flottant «modifiera grandement le paysage, bloquera une partie de la vue du lac et les montagnes, et risque de porter atteinte à une importante frayère de touladis».

M. Trottier suggère aux citoyens d’assister à la séance publique du conseil municipal de Magog, lundi prochain (16 janvier). Il souhaite démontrer que les opposants sont nombreux afin de convaincre les élus de voter contre le projet. «La pétition sera déposée quelques jours plus tôt afin d’en discuter à la période de questions», ajoute-t-il.

La pétition rappelle que le quai offre une vue exceptionnelle. Les opposants souhaitent préserver cet «attrait unique» au profit des piétons, cyclistes, nageurs, patineurs et promeneurs qui le fréquentent à l’année.

Le citoyen Marc Delisle craint également l’ajout d’une passerelle au-dessus du sentier glacé pour que les clients se déplacent entre le sauna flottant et les toilettes publiques. Selon lui, cet aménagement accentuera la nuisance visuelle.

«UN PATRIMOINE INVIOLABLE»

«Il est grand temps que l’on considère le littoral, de la pointe Merry jusqu’au ruisseau Castle, comme un patrimoine inviolable avant de devoir encore subir d’autres assauts de gens qui n’ont rien à faire de notre passé, de notre sérénité et de notre panorama», s’inquiète M. Delisle.

La protection de ce «bien collectif» inquiète un autre groupe de Magogois, qui signent un commentaire dans la section Tribune libre de notre site web. Deux anciens conseillers municipaux, Serge Gosselin et Robert Ranger, disent «non merci» au sauna aménagé au quai MacPherson. Le député d’Orford, Gilles Bélanger (à titre personnel) partage le même avis. 

«Permettre l’installation d’une plateforme permanente au quai MacPherson équivaut à hypothéquer un bien collectif au profit du privé et ouvre la porte à une commercialisation élargie d’un espace qui appartient à la collectivité», s’inquiètent-ils.

Ces signataires suggèrent plutôt la mise en place d’une installation temporaire et modeste sur la rive du lac, un peu comme à North Hatley avec un projet-pilote de deux ans. (voir plus bas)

Au moment d’écrire ces lignes, la pétition disponible au www.change.org rassemblait près de 700 signataires. Quant à la pétition qui circule en version imprimée, elle comptaitplus de 80 signatures.

Des saunas en service au lac ­Massawippi

En parallèle du projet projeté au quai ­MacPherson à ­Magog, les promoteurs de ­Solstice ­Sauna ont inauguré une première installation de détente dans la région, plus précisément à la plage de ­North ­Hatley.

Ce ­projet-pilote a été inauguré le 21 décembre dernier. Contrairement aux saunas flottants proposés au lac ­Memphrémagog, ceux donnant sur le ­Massawippi sont conçus sur une plateforme sur roues. Les saunas sont situés sur la plage, où un cabanon a aussi été installé à proximité en guise de vestiaire.

La particularité de ce projet est qu’il sera saisonnier pour l’hiver puisque les promoteurs retireront les installations à la fin mai pour revenir vers la fin septembre. «  ­Nous avons obtenu l’autorisation de faire ce ­projet-pilote pour les deux prochaines années. Mais évidemment, notre souhait est de rester à ­North ­Hatley pour longtemps  », soutient l’un des promoteurs, ­Frédérik ­Nissen, qui fréquente la plage de ­North ­Hatley depuis sa jeunesse.

«  ­On est vraiment content, car la réponse des gens est extrêmement positive et plus grande que ce que l’on anticipait. Certaines journées ont affiché complet grâce au ­bouche-à-oreille. Certains résidents sont déjà revenus plusieurs fois, tandis que des gens de ­Sherbrooke et d’ailleurs ont fait le trajet spécialement pour vivre l’expérience.  »

Si certains se posent la question, l’entrepreneur précise que ce concept saisonnier ne serait pas applicable au quai ­MacPherson, où le projet proposé repose plutôt sur des saunas flottants situés directement sur l’eau. «  ­Pour des contraintes techniques qui concernent notamment la profondeur d’eau, on ne pourrait pas avoir des saunas mobiles à ­Magog. C’est impossible. C’est la même réalité pour l’emplacement. Nous avons reçu plusieurs suggestions de sites intéressants autres que le quai, mais c’est le seul endroit où le projet peut se faire techniquement.  »

M. Nissen invite les gens à essayer le sauna de ­North ­Hatley pour mieux comprendre le concept, et ­peut-être pour faciliter son acceptabilité sociale à ­Magog. «  ­On respecte énormément les opposants, mais on diffère d’avis sur certains points, comme sur la protection de la vue et de la frayère de touladis, ­signale-t-il. On préfère se fier à la science, au groupe ­Memphrémagog ­Conservation ­Inc. et au ministère de l’Environnement pour éviter de perturber les poissons qui viennent frayer deux semaines par année.  »

DES ­PROMOTEURS ­OPTIMISTES

Au moment d’écrire ces lignes, les promoteurs se disaient toujours optimistes que le projet en sol magogois verra le jour au cours des prochains mois, et ce, malgré un vent d’opposition qui ne s’estompe guère. «  ­On était déjà confiant, mais on l’est encore plus maintenant en voyant les gens qui adorent notre concept au lac ­Massawippi  », ajoute ­Frédérik ­Nissen.

Les promoteurs persistent et signent, tout en disant prêt à bonifier une fois de plus le projet. Ils ont déjà abaissé la hauteur des quatre maisonnettes (deux saunas et deux vestiaires), en plus d’élargir les percées visuelles. Ils cherchent d’ailleurs une option avec la ­Ville pour éliminer la passerelle qui doit enjamber le sentier glacé afin de relier le concept jusqu’aux toilettes publiques.

M. Nissen tient à ajouter que son projet diffère grandement des spas situés en périphérie de ­Magog. «  ­Il n’existera aucune compétition, car notre offre sera complémentaire, ­spécifie-t-il. Nous serons comme des camions de rue comparativement aux restaurants cinq services.  »

Les promoteurs comprennent les opposants, mais ils rappellent que les partisans du concept sont également fort nombreux.