Des écologistes réclament l’arrêt des travaux à Owl’s Head

ENVIRONNEMENT. Le groupe Memphrémagog Conservation Inc (MCI) réclame l’arrêt des travaux sur le flanc est du mont Owl’s Head. Le dynamitage et la construction d’une route sur les rives du lac Memphrémagog inquiètent ces environnementalistes.

Le président de cet organisme, Robert Benoit, est renversé et exaspéré. Il qualifie ces travaux de «carnage» et d’aménagement du territoire des années 1930. Selon lui, des biologistes ayant foulé le terrain ont comparé ce chantier à la «construction d’une autoroute en montagne».

«On nous dit que le promoteur Destination Owl’s Head respecte les règlements du Canton de Potton et de la MRC de Memphrémagog, dit-il. On respecte ça, mais on trouve que ces travaux manquent d’équilibre et de conscience moderne. Pourquoi abîmer le bien commun qu’est le paysage et le lac Memphrémagog pour seulement quatre châteaux à construire?»

Le MCI exige un moratoire, car il s’interroge sur la pertinence de ces «travaux majeurs» sur de fortes pentes et dans un «écosystème forestier exceptionnel et fragile».

«Encore une fois, on constate des dommages en raison de règlements mal faits ou pas appliqués. Ça manque aussi de supervision», s’inquiète M. Benoit.

Dans une missive adressée au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, le 28 avril, le MCI et la biologiste Marie-Josée Auclair se plaignent de «déboisement excessif» et de «dynamitage des caps rocheux» dans une pente, ainsi que sur un sol mince et fragile.

On craint l’érosion et la sédimentation additionnelles lors de pluies torrentielles. Le MCI et Mme Auclair, qui habite Potton, avisent le ministère de la destruction de deux ruisseaux et d’un petit milieu humide par la route. «Le dynamitage requis pour faire le chemin a entraîné des éboulis et des rochers ont été projetés au bas de la pente jusque dans le lac», lit-on.

«C’est un joyau de la biodiversité, prévient Mme Auclair. Il fait mieux encadrer ce type de chantier, même si les travaux respectent les règlements. N’oubliez pas que 50% des Estriens s’abreuvent dans ce lac.»

Le ministère de l’Environnement a pris en considération cette plainte à caractère environnementale. Par écrit le 29 avril, il assure avoir confié le dossier à une inspectrice pour effectuer un suivi. «On vérifiera la conformité de l’autorisation délivrée le 21 octobre 2019, lit-on. Les personnes concernées seront d’abord avisées s’il y a des manquements à la Loi sur la qualité de l’environnement. Le cas échéant, l’évaluation de nos recours administratifs ou juridiques pour faire corriger les manquements aura lieu dans un deuxième temps.»

Directrice générale du MCI, Ariane Orjikh craint que le promoteur ait précipité ces travaux avant que la MRC de Memphrémagog adopte une réglementation plus musclée à l’intérieur de son futur schéma d’aménagement. «Ça fait dix ans qu’on exige l’absence de construction dans les fortes pentes comme à Owl’s Head, s’attriste-t-elle. Ce sera bientôt fait, mais pas avant un an.»

Ces travaux sont également considérés comme une égratignure au paysage du Memphrémagog par le MCI, des écologistes et des résidents des deux côtés du lac.

 

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