Mars marque les 15 ans de la saga du Mont-Orford

CONTROVERSE. «On a eu raison de mener cette bataille», plaide encore aujourd’hui Robert Benoit. On skierait sinon dans un quartier résidentiel comme à Bromont à travers 1400 condos, un restaurant au sommet de la montagne et un second terrain de golf de 18 trous.»

Cet ancien député d’Orford persiste et signe en ce mois de mars qui marque les 15 ans de la saga du Mont-Orford, où partisans et opposants au développement immobilier au pied des pentes de ski ont défrayé les manchettes pendant quatre ans.

Il crie mission accomplie pour avoir renversé la vapeur et pour avoir réussi à contrer un précédent. «Même démarré sobrement avec quelques membres, le mouvement a réussi à préserver l’intégrité territoriale d’un parc national, observe-t-il. Nous nous sommes opposés à la privatisation de terres publiques, freinant ainsi d’autres tentatives semblables ailleurs au Québec.»

On criait à l’époque à la «dilapidation de l’héritage patrimonial et naturel» au parc au profit de l’entreprise privée. Ce projet était piloté par l’homme d’affaires André L’Espérance, alors à la tête et unique actionnaire du ski et du golf du Mont-Orford. Des millions de dollars étaient sur la table, tout comme la projection de millions en retombées économiques.

Autre texte ici sur l’héritage de M. L’Espérance.

Selon M. Benoit, cet engagement a pavé la voie au maintien d’une station quatre saisons et de doubler la superficie du parc. Cet agrandissement devrait se concrétiser d’ici deux ans. «Bravo à la MRC d’avoir sauvé la mise, évité une fermeture et assuré la croissance de la Corporation Ski & Golf Mont-Orford», insiste-t-il.

À l’opposé, plusieurs skieurs et élus, ainsi qu’une bonne partie de la communauté des affaires, appuyaient les investissements prévus par André L’Espérance.

Le groupe Orford 911 misait notamment sur les revenus générés par les condos pour moderniser les équipements et améliorer les conditions de ski. Ses membres ont craint le pire lorsque le gouvernement a changé d’avis.

 

Pour la petite histoire

Le groupe SOS Parc Orford s’est créé quelques jours à peine après l’annonce de la vente de 649 hectares du parc national du Mont-Orford. Le ministre Claude Béchard en avait dévoilé lui-même les intentions du gouvernement dans la région, le 6 mars 2006.

Le vent d’opposition s’est rapidement levé avec la création de SOS Parc Orford (12 mars 2006), qui a pris le relais d’un précédent mouvement appelé Un parc sans condos.

Une pétition de 80 000 noms contre la privatisation, une marche regroupant 15 000 personnes à Montréal et un rassemblement de 3000 opposants à la montagne figurent parmi les faits d’armes du groupe.

La réintégration des terrains dans le parc est votée à Québec en mai 2010. La coalition se saborde quelques mois plus tard.

Benoît tient à souligner le travail de tous les membres de SOS Parc Orford, qui ont notamment renversé une loi votée sous bâillon permettant la vente des terrains.

Il croit qu’aujourd’hui que l’approche des élections provinciales en 2007 a forcé le gouvernement Charest à refuser la privatisation. «Ce dossier a tellement nui au Parti libéral qu’il a dû se contenter d’un gouvernement minoritaire», conclut M. Benoît.