Tribune libre: vaccinée et «à boutte!»

Je suis «à boutte!» d’entendre des élu.e.s, des journalistes, des «anti» ou des «pro» ceci ou cela utiliser une communication violente dans leurs propos. Que ce soit à la télévision, sur les réseaux sociaux, dans les médias ou autres plateformes.

Quel litige ou divergence d’opinion peut se régler en se criant des noms de part et d’autre? Est-ce en se traitant de «coucous», de «moutons», de «complotistes», «d’endormi.e.s», de «conspirationnistes», de «d’idiot.e.s»,  «d’édenté.e.s», de «Cons-vid», «d’égoïstes» et je vous fais gré de bien d’autres qualificatifs que la colère peut inventer pour provoquer? Qu’est-ce qu’on prouve par ces comportements, de part et d’autre? Notre incapacité à s’ouvrir aux opinions différentes et notre capacité à mettre de l’huile sur le feu que des divergences d’idées peuvent alimenter? Qu’est-ce que l’on crée par ce genre d’approche? Une escalade de haine, de violence, de rancoeur, de criminalité pour des années à venir! Quelle tristesse!

Nos gouvernements dépensent des fortunes pour faire la promotion du respect et enrayer l’intimidation, la violence faite aux femmes, pour lutter contre le racisme, etc. Bravo! Par contre, certain.e.s élu.e.s, pour arriver à leurs objectifs politiques et de popularité, s’arrogent le droit d’utiliser les tactiques pourtant dénoncées. On s’arroge le droit d’étiqueter, de dévaloriser et de ridiculiser les gens affichant des idées différentes des leurs. Pour se donner bonne conscience, on le fait au nom d’une nouvelle religion, la science… Si pourtant faillible à travers l’Histoire et bien des scientifiques le confirmeront! Bien des découvertes d’hier sont remises en question aujourd’hui et le même sort est réservé aux découvertes d’aujourd’hui.

Dès le début de la pandémie, des divergences d’opinions se sont pointées le bout du nez. Normal, nous sommes dans une démocratie où nous avons le droit à une opinion et à l’exprimer! D’ailleurs, c’est le risque que je prends via cette lettre ouverte qui se veut ni «anti» ou «pro». Elle se veut un ras-le-bol de voir la santé mentale et la cohésion sociale s’effriter.

Si au départ les têtes dirigeantes, les médias et autres sommités avaient utilisé une approche exempte d’intimidation, je doute que nous assisterions à autant de divisions dans nos communautés. Spécialement depuis le début de cette pandémie, c’est à se demander à quoi joue les médias de toutes sortes et nos élu.e.s qui ont la responsabilité de maintenir une certaine cohésion sociale? Ces mêmes personnes qui s’étonnent que le cynisme et la perte de confiance envers ces institutions augmentent dans la population. L’écoute et le respect donnent plus de crédibilité que l’intimidation, à mes yeux et aux yeux de plusieurs, je crois.

Je suis «à boutte!» certes des contraintes sanitaires mais encore davantage de toute cette intimidation, cette violence verbale et psychologique omniprésentes dans bien des discours. Quel exemple pour ces enfants qui, depuis 2 ans, assistent à ce genre de communication entre personnes censées leur apprendre à régler leurs différends avec respect! Encore une fois, on manque totalement de cohérence entre ce qu’on leur dit d’avoir comme comportement et celui transmis par des adultes bien en vue. Peut-on espérer un changement d’attitudes?

Comment, suite à de tels comportements, rebâtirons-nous des ponts dans nos familles, nos communautés lorsque, tôt ou tard, la santé publique décrétera que la COVID-19 et ses congénères sont désormais de catégorie endémique et que des vaccins sont offerts aux personnes à risques, comme pour l’influenza et compagnie?

Si vous avez la recette, je suis preneuse.

 

 

Angèle Laroche