Tribune libre: toujours inquiet du sort de la petite maison blanche

Nous avons été informés, à la dernière séance du Conseil municipal d’Orford, de la décision de procéder à une réflexion élargie sur la valeur que représentent la petite maison du 2304, chemin du Parc, et l’ensemble patrimonial du village de Cherry River. La Municipalité prévoit procéder à une révision de son projet de pavillon communautaire, en excluant toutefois la petite maison. Nous avons aussi pris connaissance de l’avis patrimonial de l’architecte Daniel Quirion, commandé par la Municipalité.

Nous nous réjouissons de l’intérêt de la Municipalité pour l’histoire et le patrimoine culturel bâti. Nous sommes cependant extrêmement inquiets de la décision d’exclure la maison du futur pavillon. Nous craignons que le bâtiment soit ainsi placé sur une voie d’évitement et qu’il en vienne même à être perçu par certains comme une nuisance devant le pavillon tout neuf.

L’avis patrimonial Quirion rappelle en fin de conclusion: « qu’il est reconnu en patrimoine que la meilleure façon de préserver ce dernier est qu’un bâtiment possède une vocation, un usage durable pour lui conférer un sens. »  Or, la petite maison jouit depuis plusieurs années d’une vocation durable, celle d’un local polyvalent pour les nombreuses activités et réunions communautaires qui s’y tiennent : elle est devenue un pavillon communautaire. L’aménagement en parc de ce qui est son terrain depuis plus d’un siècle lui a conféré un nouveau sens; maison et parc vont de pair, historiquement et fonctionnellement.

La Société d’histoire du Canton d’Orford (SHCO) a publié le 8 mai dernier un rapport d’étude de 42 pages portant sur les origines de Cherry River à travers l’histoire de la maison blanche intitulé Histoire de la petite maison blanche d’Orford et proposition d’une nouvelle appellation. Ce document rigoureux confirme et démontre l’importance historique du bâtiment et de son terrain au cœur du village.

La Municipalité est donc propriétaire d’une maison patrimoniale qui a une vocation de centre communautaire. On lui reconnaît déjà une valeur patrimoniale (la MRC Memphrémagog, l’Avis Quirion et l’étude de la SHCO). Or la Municipalité veut construire un nouveau pavillon communautaire distinct de celui déjà existant plutôt que de saisir l’occasion pour assurer sa mise en valeur. Cela nous apparaît à la fois comme un non-sens et une occasion ratée. Pourquoi séparer pavillon communautaire et bien patrimonial communautaire alors qu’ils peuvent se consolider mutuellement? Il suffit d’intégrer le bâtiment patrimonial au futur pavillon, dans un bâtiment de superficie et aux fonctions semblables au premier projet de la Ville, réalisant ainsi une économie d’échelle importante. Cette approche mérite une évaluation sérieuse.

Nous croyons qu’il faut reconnaître dès à présent la valeur historique et symbolique de la petite maison, et l’intégrer au projet au futur pavillon. Vous trouverez l’étude publiée par la SHCO en version électronique sur notre site Web : www.histoireorford.com

Merci de votre travail de soutien au patrimoine.

Marc Bigué

Résident du canton d’Orford