Tribune libre: retrouvons notre nature en ce Jour de la Terre

Depuis maintenant quelques semaines, nous avons mis nos vies «normales» sur pause, le temps de gérer la crise sanitaire causée par la Covid-19. Une épreuve difficile, par moments insoutenable, tragique. Confiné.e.s chez nous, nos habitudes et nos besoins ont complètement changés en l’espace de quelques jours. Nous vivons des incertitudes, des angoisses, des deuils. Nous nous remettons également en question et nous interrogeons sur «l’après-Covid».

Cette pandémie, elle nous bouleverse, nous fait peur, nous interpelle tous et toutes personnellement. Aussi, elle nous éveille, nous fait ouvrir les yeux, déclenche notre esprit comme dit Alain Deneault. Cette prise de recul obligée sur le monde et sur la vie ordinaire nous offre l’opportunité de porter certains questionnements existentiels que la vitesse du quotidien éclipse lorsque les temps sont « normaux ». Nous nous surprenons ici, sur les plans personnel et collectif, à prendre du recul et à se poser des questions plus profondes que d’ordinaire : « Que cherche à nous enseigner ce virus? », « Qui voulons-nous être en ces temps de crise et par-delà? », « À quoi sert la vie? », « Quelles leçons et apprentissages pouvons-nous tirer de cette immense épreuve? ».

À croire qu’à être trop occupé.e.s à outre-produire, outre-consommer, outre-voyager et à s’outre-distraire, on avait perdu le contact avec ce qui importe vraiment. À croire qu’on s’était habitué.e.s à vivre dans la déconnexion avec soi, dans la perte de contact avec la nature… Avec notre véritable nature.

Pendant que nous sommes confiné.e.s, la nature elle, revit, reprend la place que nous lui avons volée. La pollution a fléchi avec le ralentissement des usines, la diminution du transport terrestre et du trafic aérien. Les eaux de Venise sont plus claires, les horizons plus limpides…

Si cette crise est si difficile à vivre, c’est parce que nous ne l’avons pas préparée. Nous n’avons pas écouté les avertissements des scientifiques. Nous avons manqué à notre devoir de prendre soin des plus vulnérables, particulièrement de nos aîné.e.s. Nous avons dévalorisé les professions du « prendre soin », fait de l’efficacité une priorité, fait de la bienveillance et de la compassion des luxes qu’on ne peut se payer qu’au privé. Nous avons négligé d’agir en accord avec notre grande interdépendance avec toutes les formes de vie, d’un bout à l’autre de la terre, animales, humaines … et virales!

Pour une rare fois, nous nous mettons ensemble dans un immense effort collectif. Nous suivons les directives de nos gouvernements et nous acceptons les mesures ambitieuses, drastiques, difficiles, parce que nous sommes confiantes et confiants que ces décisions nous mèneront vers de meilleurs jours.

Or, avant, pendant et après la Covid-19, une autre crise se déroule, sous nos yeux, lentement, mais sûrement : la crise écologique et climatique. Celle-là, nous en sommes avertis. Les conséquences sont mêmes déjà visibles et ressenties.

Aujourd’hui nous prenons, enfin, soin de nos aîné.e.s. Demain, au sortir de la crise, pensons au futur de nos enfants, de nos jeunes qui actuellement répondent aux besoins essentiels dans les supermarchés, ces jeunes qui, depuis plus d’un an, descendent dans les rues pour demander, eux aussi, un futur.

Nous avons une opportunité unique de relancer notre société et notre économie sur des bases sociales, éthiques, environnementales et solidaires, de revenir à un mode de vie plus sobre, plus modeste, plus connecté à qui nous sommes. Une opportunité de faire un ménage dans les priorités et de se questionner sur les causes véritables du bonheur. Saisissons-là!

Le 22 avril, c’est le Jour de la Terre. Faisons preuve d’ambition, de courage et de résilience : prenons soin les un.e.s des autres, prenons soin de la Vie, retrouvons notre équilibre avec la Terre qui nous accueille.

Vicky Veilleux

Mère au front pour Lohan