Tribune libre: le terminus de la sortie 115, en phase terminale?

OPINION. Le jeudi 9 février dernier, il faisait – 17 à Magog. Arrivé le matin au terminus pour prendre un autobus pour Montréal, j’apprends que je n’ai pas le droit de garer ma voiture dans l’immense parc vide qui entoure le bâtiment central.

«Vous devez utiliser le stationnement gratuit qui se trouve de l’autre côté des deux routes, droit devant vous.» -Là bas, à deux ou trois cents mètres ? – Oui!» Je grelotais déjà, car le vent étant fort, le ressenti devait être de – 30. Craignant d’être cryogénisé à mon retour le soir, j’ai osé m’enquérir du tarif à payer pour laisser ma voiture près du terminus. Sèche réponse de la préposée:« Pas question, elle sera remorquée.»

Je prenais du retard. Pour éviter de rater mon autobus, il a fallu que je revienne à la course de la terre promise. Petit détail craquant, c’est le cas de le dire, je souffre d’une arthrose des genoux..

Retour en soirée. Je sors en sueur d’un autobus surchauffé. J’ai eu peur d’attraper la crève. Vive le démarreur automatique ! Malheureusement je n’ai pas d’allumeur de phares à distance. J’ai dû faire ma course à obstacles à la noirceur. Premier obstacle, une première route où les voitures roulent très vite. Comment me rendre à la seconde route? Je ne vois pas de passage pour les piétons et il n’est pas question que je fasse le grand détour prévu pour les voitures. J’ai trop froid. Dix ou quinze pieds de neige me séparent de la seconde route. Allons-y! Je m’enfonce dans deux pieds de neige, une première fois, ouille, une deuxième fois, ouille ouille!. Le stress me poussant, je fonce comme un orignal en colère vers le rempart. C’est une montagne faite de mottes de neige congelées. Si j’essaie de descendre la pente abrupte en marchant, je risque fort de tomber sur l’asphalte gelé tête la première. Qu’une solution : descendre sur les fesses, mon bagage à la main.

Toute chose a son bon côté : l’exploit sportif improvisé m’a réchauffé. Heureusement, parce que le démarreur n’avait pas fonctionné, la distance était trop grande. Si je n’étais pas en principe opposé aux litiges, voilà un terminus, une compagnie d’autobus et une ville qui auraient subi un procès en responsabilité à l’américaine.

Jacques Dufresne