TRIBUNE LIBRE: La société civile d’Orford, depuis toujours préoccupée par le patrimoine
Nous avons été heureux de lire une déclaration récente de la mairesse d’Orford, Marie Boivin, affirmant que le patrimoine est une question importante dans notre municipalité. Sur la même lancée, elle ajoute que cet enjeu de protection du patrimoine n’avait jamais été soulevé dans le passé et que la «petite maison blanche» (PMB) a amené une réflexion nouvelle.
Dès 2007, une citoyenne diffuse ses recherches sur l’histoire de Cherry River. Depuis plusieurs années, il existe un circuit d’interprétation du village de Cherry River, un parcours imprimé et des panneaux d’interprétation. En 2015, la Municipalité a exploré un projet de centre communautaire intégrant la PMB. En 2018, des citoyens ont créé la Société d’histoire du Canton d’Orford (SHCO). À deux reprises en 2018 et 2019, des membres de la SHCO ont demandé au conseil municipal la citation de la PMB, demandes restées sans réponses. Il serait plus exact de dire que depuis longtemps, plusieurs citoyens s’intéressent au patrimoine et que la menace municipale de démolition de la PMB a plutôt élargi le débat au sein de la société civile.
En mai 2020, la mairesse nous informait de la décision de retirer la PMB du projet de futur centre alors qu’elle a déjà une vocation communautaire au cœur du village. Si le débat sur l’avenir de la PMB a fait en sorte que Marie Boivin assure maintenant que son avenir est sauf, elle ne peut toutefois préciser quand, ni comment, ni où! La société civile, quant à elle, ne s’est pas arrêtée là.
En avril 2020, la SHCO a publié une étude rigoureuse «Histoire de la PMB d’Orford et proposition d’une nouvelle appellation» qui fait état de sa grande valeur patrimoniale et de son importance dans l’histoire de Cherry River.
En juin dernier, la SHCO a soumis à la ministre de la Culture du Québec deux demandes de classement, l’une portant sur l’immeuble de la PMB et son terrain, l’autre portant sur le site du village de Cherry River et sa rivière.
Pour le moment, ces initiatives citoyennes sont demeurées sans écho de la part de la Municipalité.
Dans un rapport critique de juin dernier, la vérificatrice générale rappelle l’importance du patrimoine bâti, faisant partie intégrante de l’identité culturelle d’une communauté, constituant un héritage légué aux générations futures. En appui à ce rapport, un groupe d’experts rappelle qu’une gouvernance pérenne sur la protection et la sauvegarde du patrimoine bâti doit réunir le gouvernement, le monde municipal et la société civile.
À ce jour, la Municipalité continue d’agir seule dans ce dossier, motivée par un pavillon communautaire qui exclut totalement le bâtiment patrimonial central du Canton d’Orford. En cohérence avec sa volonté de protéger le patrimoine, Marie Boivin doit assurer l’avenir de la PMB en associant dès maintenant la société civile pour définir sa vocation future dans le cœur villageois.
Conseil d’administration de la Société d’histoire du Canton d’Orford