TRIBUNE LIBRE: Il faut une réflexion plus large pour la future Maison des aînés
Dans le cadre de la consultation écrite mise en place par la Ville de Magog sur le projet de Maison des Aînés, notre Collectif désire manifester son opposition au projet de résolution 292021-1.
N’ayant pas eu accès au dossier monté à l’appui du projet de construction d’une Maison des aînés à Magog, notre Collectif ne peut pas se prononcer sur le bien-fondé ou sur l’urgence de cette construction. Tout au plus peut-il s’étonner que ce projet, qui constituait en 2018 une promesse électorale générale du parti actuellement au pouvoir à Québec, ne soit l’objet d’aucun débat de société sur ce qui devrait être prioritaire et le mieux adapté pour répondre aux besoins des clientèles visées.
À cet égard, et sans rejeter d’emblée les bonnes intentions derrière le concept de Maison des aînés, notre Collectif croit qu’il faudrait porter un regard critique sur ce dossier – à tout le moins pour celui de Magog – afin de voir si les besoins qui semblent le justifier ne recevraient pas une réponse plus adéquate avec des services à domicile plus nombreux via divers programmes gouvernementaux, des services de proximité, une vie de quartier mixte et plus animée, etc.
Relancer l’économie par des travaux d’infrastructure est une chose. Tirer des conclusions sur l’organisation du support aux personnes âgées et à besoins particuliers qui ont été si durement touchées pendant la pandémie en est une autre.
Pour notre Collectif, la construction d’une Maison des aînés à Magog exige une analyse importante sur son emplacement, même si le projet doit se réaliser à court terme.
Pour justifier le terrain choisi pour sa construction, on a exposé qu’il se situait près du Carrefour de santé globale, près d’une pharmacie, près d’une clinique médicale, près d’une piste cyclable, près de l’école Montessori et de sa jeune clientèle, etc.
On n’a guère tenu compte du fait que ce même terrain se trouve à une intersection de plus en plus achalandée, que les entrées et sorties des voitures risquent d’être un peu compliquées, que les résidents de la Maison ne pourront pas facilement circuler à pied en toute sécurité s’ils veulent aller marcher un peu à l’extérieur de leur chez-soi, qu’il n’y a pas de trottoirs dans ce secteur et que tout déplacement de plus que quelques dizaines de mètres devra se faire par véhicule motorisé.
On a amplifié le fait que l’emplacement retenu se situait à proximité d’un pôle de santé en plein développement. C’est oublier que, dans l’Est de Magog, il y a un autre pôle de santé qui existe depuis beaucoup plus longtemps : celui du Centre hospitalier et du CHSLD, à proximité de l’ancien complexe textile et du quartier des Tisserands.
Pour se maintenir en santé, les clientèles visées par les Maisons des aînés ont souvent besoin d’aidants naturels, de suivis médicaux, de la présence de visiteurs qui ne peuvent pas toujours se déplacer en auto, de soins curatifs comme ceux offerts par l’hôpital et le CLSC. Mais elles ont aussi besoin de continuer d’évoluer dans un milieu avec des services de proximité et une mixité sociale qui leur conserve leur goût de vivre.
Posons donc le débat avec une vision plus large.
La mise en valeur de l’ancien complexe textile végète depuis la fermeture des usines. Depuis l’échec du projet d’implantation de Magog Technopole qui s’arrimait au projet de Consoltex présenté en 2014, on continue de parler d’un pôle technologique qui ne s’est jamais matérialisé.
Aucun projet majeur ne s’y est réalisé malgré toutes les modifications réglementaires que la Ville a apportées pour donner le maximum de flexibilité à une réoccupation du vaste secteur de 1,5 million de pieds carrés. Pourtant, les multiples bâtiments qu’on y trouve pourraient, pour une bonne partie, avoir des vocations diverses et vivifiantes pour le quartier – dont du logement pour des gens de tous âges et de toutes fortunes.
Depuis deux ans, le CIUSSS de l’Estrie a cherché des locaux pour le Centre de prélèvements et pour le Centre jeunesse. Pourtant, dans la définition des territoires où on cherchait des locaux, jamais on n’a visé les bâtiments de l’ancien complexe textile, situés à peine à quelques dizaines de mètres du Centre hospitalier. Pourtant, cela aurait été logique. Les responsables du CIUSSE ont dû se dire que la structure d’accueil n’était pas là. Et elle n’est pas là en partie parce que la Ville attend que les propriétaires bougent… et ils n’ont pas bougé depuis 2011.
Faut-il en conclure, encore aujourd’hui, que ce superbe site longeant la rivière Magog ne pourrait pas accueillir ce type d’infrastructure et la clientèle qui en a besoin?
Nous sommes tentés de le penser quand on constate que le propriétaire de l’ex-Difco, pour prendre ce cas concret et très présent dans l’actualité, n’a encore présenté aucun plan de conversion globale pour sa partie et que ni le CIUSSS (ou le ministère de la Santé) ni la Ville ne semblent avoir fait la moindre démarche en ce sens.
Pourtant, pour revenir spécifiquement à la Maison des aînés, ce site en bordure de la rivière Magog ne serait-il pas hautement préférable à une intersection en bordure d’une route nationale?
Il pourrait y avoir aussi une piste cyclable et piétonne.
Tout près, il pourrait y avoir une grande place publique pleine d’activités épisodiques, un grand parc, une piste cyclable et piétonne, une grouillante vie de quartier qui se redévelopperait quand les immenses bâtiments industriels cesseraient d’être des fantômes et qu’ils seraient réoccupés par d’autres résidents et des services de proximité de toutes sortes.
Les résidents pourraient même, éventuellement, se rendre à pied, seuls ou accompagnés, consulter leur médecin à une clinique médicale ou faire leurs prélèvements au Centre de prélèvement tout à côté. Et pourquoi une pharmacie et d’autres services de santé ne s’y installeraient-ils pas?
Ajoutons à cela la proximité de la magnifique bibliothèque et de l’auditorium des Tisserands : la lecture, les causeries, les activités de l’université du Troisième âge sont aussi des contributeurs importants à la santé, au plaisir de découvrir, à la joie de vivre…
Peut-être qu’un réaménagement imaginatif et audacieux de certains bâtiments ferait qu’à Magog la Maison des aînés prendrait une forme différente des pavillons individuels imaginés par le gouvernement. Mais qu’est-ce que la collectivité et les résidents y gagneraient!
Dans l’ancien complexe textile, ça ne prendrait peut-être pas les 31 millions budgétés pour cette Maison même avec le délai de réalisation pourrait être un peu plus long. Et ces millions, ce serait tout un coup d’envoi!
Le quartier des Tisserands passera-t-il, encore une fois, à côté de cette extraordinaire occasion de se revitaliser en créant une première vraie jonction avec le prolongement du centre-ville?
Selon notre plus récente vérification au Registre foncier, la transaction pour l’achat du lot 3 485
558 n’est pas encore conclue. Il est encore temps de réorienter énergiquement le projet!
Le Collectif du Quartier-des-Tisserands de Magog