L’incroyable histoire du projet de loi 3
Ce n’est pas facile d’expliquer tous les problèmes avec le projet de loi 3 (le projet de loi qui vise à modifier les contrats entre les municipalités et leurs employés sur les régimes de retraite). Les détails semblent infinis. Mais l’histoire est trop incroyable pour ne pas la raconter. La voici en version quelque peu modifiée.
Après de longues négociations laborieuses et minutieuses, vous avez finalement complété l’achat d’une nouvelle voiture. Le vendeur voulait tellement conclure la vente qu’il vous a offert une garantie prolongée, pare-chocs à pare-chocs, pour rendre son produit plus alléchant. La tranquillité d’esprit acquise grâce à cette garantie prolongée a lourdement pesé en faveur de votre décision. Vous et le vendeur avez serré la main, signé des documents, et vous lui avez remis un gros montant d’argent en échange de votre voiture. Vous avez quitté le concessionnaire satisfait de votre achat.
La voiture vous a bien servie dans les premières années. Elle vous a amené partout où vous désiriez aller, et ce sans problème. Elle est maintenant rendue dans sa quatrième année. Le moteur commence à faire de drôle de bruits. Une visite chez le concessionnaire s’impose, mais vous pouvez toutefois dormir la tête tranquille sachant que vous avez acheté une garantie prolongée.
À votre grande surprise, le mécanicien vous informe que votre chère voiture ne se porte pas bien, que le trouble est sérieux, et que la réparation coutera au bas mot 50 000 $. Comme le ferait toute autre personne dans votre situation, vous exhiber la garantie prolongée. Le commis de service informe le gérant-propriétaire, Cody Labeaume, de la situation. M. Labeaume n’a pas l’air heureux d’entendre la nouvelle.
Il s’avère que le concessionnaire connaît des difficultés financières. Plutôt que de vous informer de la situation, et de tenter de trouver une solution avec vous, il demande à son grand frère, Mory Couillard, pour de l’aide. M. Couillard se trouve quant à lui à être le Président de la grande et puissante compagnie qui fabrique le modèle de voiture que vous avez acheté de son frère le concessionnaire.
Il s’approche de vous et d’un ton autoritaire il vous fait le message suivant:
Président: Écoutez-moi bien! Si dans la prochaine heure vous ne pouvez pas en venir à une entente avec mon petit frère, vous aurez à payer la moitié des coûts de la réparation, et non seulement pour celle-ci, mais pour toutes les autres réparations à venir. Compris ?
Vous: Je suis désolé? Je crains qu’il y ait eu un malentendu. J’ai acheté une garantie prolongée. (Vous sortez le contrat et vous le lui montrez) Regardez … somme totale payée.
Président: (Il vous arrache le document des mains et il le déchire en morceaux). Ce contrat n’est plus bon.
Vous: Mais pourquoi?!
Président: Il était impossible pour nous de savoir que ce problème allait se produire. De plus, l’homme qui vous a vendu cette garantie ne travaille plus ici. …Et aussi parce que je le dis point final. Je décrète que dorénavant tous mes concessionnaires feront abstraction des garanties prolongées et ils adopteront en leurs places la règle du 50/50, peu importe leurs situations financières.
Votre patience est testée. Vous faites clairement affaire à des gens de mauvaise foi.
Vous: Quoi?! Je ne pense pas! Ce n’est pas une façon d’agir en affaire!
Soudain, le gérant-propriétaire sort de son bureau et se place, semi-caché, derrière son grand frère. Ensemble ils commencent à crier de façon mélodramatique devant le comptoir de service. Les clients et les employés se rassemblent et forment une foule.
Gérant-propriétaire et Président: Cet homme est cruel! Il ne se soucie pas de la vie de nos employés et de leurs familles. Il ne se soucie que de lui-même. Il sait que nous n’avons pas les moyens de lui payer une réparation de 50 000 $. Il préfère plutôt voir des gens perdre leurs emplois et souffrir de faim plutôt que d’accepter notre offre. Pourtant, cet homme est gâté comparativement à la plupart des gens ici, et il se plaint encore!
Foule: Égoïste! Sans cœur! Égoïste! Sans cœur! Nous prenons le bord des employés et de leurs pauvres familles!
Vous êtes stupéfait par ce qui se passe. Vous essayez d’expliquer la nature du contrat, mais la foule n’écoute pas les détails. Vous essayez d’expliquer que vous êtes prêt à négocier librement et de bonne foi, afin d’en arriver à une solution, puisqu’il est évident que vous n’avez rien à gagner de voir le concessionnaire en faillite. Mais vos paroles n’arrivent pas à percer les cris de la foule.
Le mécanicien se présente avec de nouvelles informations.
Mécanicien: Bonnes nouvelles tout le monde! Le problème n’est pas aussi grave que nous le pensions. Il peut être réparé pour 15 000 $ et non 50 000 $. On est correct!
Mais il est trop tard. Personne ne l’écoute. Le choix entre vous, l’égoïste gâté, et les pauvres employés et leurs enfants, était clair, et c’est tout ce qui compte. Entre-temps, vous restez là, debout au travers de la foule, dans l’incrédulité totale, avec un contrat déchiré-bafoué et une facture salée entre les mains.
Kevin Richard
Sainte-Catherine-de-Hatley