L’histoire des Eh20R

Qui sont les citoyens de la zone Eh20R?

Comme moi, vous aurez lu l’avis publié par la Ville de Magog sans savoir qui sont ces personnes à qui on a demandé ce lundi 14 décembre, de décider de l’avenir de l’Îlot Tourigny. Avec mes 50 ans de travail sociologique, je vous soumets mon désaccord qu’on fasse reposer le développement d’un espace aussi significatif sur la signature d’un registre à l’hôtel-de-ville par 25 personnes éligibles.

Le règlement est ainsi fait. Mais la conséquence est tellement importante que mon intégrité professionnelle est atteinte. Il faut dénoncer ce déséquilibre majeur dans le fonctionnement démocratique. Le conseil municipal a soumis un amendement au zonage à l’assentiment de ces personnes, et cela pour une troisième fois au cours de la dernière décennie. Que 13 de ces personnes aient signé au lieu de 15, tel que requis par le règlement, a été salué lundi soir. Seulement deux citoyens ont exprimé clairement leur accord avec le projet de modifier le zonage, permettant de vendre l’îlot Tourigny aux conditions du promoteur alors que deux résidents et une propriétaire sont à l’étranger, que trois ne peuvent se déplacer pour des raisons médicales. Il n’est pas normal qu’on fasse reposer sur deux citoyens une transaction qui vient modifier un axe majeur d’un développement régional.

Conséquences immédiates

Dans sa réunion extraordinaire, le conseil municipal de Magog donne suite à la vente de ce secteur reconnu comme patrimonial dans le plan d’urbanisme, conditionnelle à l’augmentation des superficies maximales permises pour la restauration et les services professionnels… mais surtout permettant d’augmenter le nombre d’étages maximal jusqu’à plus de 15 mètres. Cette mise en échec du plan d’aménagement régional devrait alerter la MRC Memphrémagog qui se targue de faire un développement harmonieux de la Baie pour un tourisme durable. Tout cela pour la modique somme de 350 000 $ alors que la valeur commerciale est probablement près d’un million de dollars.

Vous verrez donc apparaître sur les poteaux immédiats de l’îlot Tourigny, un avis public pendant 10 jours prévenant de la démolition de la Maison Tourigny-Laforest. Ceux qui veulent en garder un souvenir, il faut faire vite pour prendre un selfi… L’hiver tardant, on se fera une fierté de faire disparaître de notre vue cette maison qui valait encore plus de 150 000 $ lors de la dernière évaluation. Pourquoi ne pas la déplacer simplement?

Nous sommes nombreux à pleurer cette perte au profit de ce qui deviendra bientôt une succession de transactions au profit de quelques spéculateurs, au dépend de nous tous.

Début d’un développement sauvage

Il serait naïf de penser qu’on ne reviendra pas voir les mêmes citoyens de la rue Milette et leurs voisins immédiats, pour leur demander de signer en vue d’un mur qui leur enlèvera toute vue sur le lac, sinon les mettra dans l’ombre perpétuel. Nous serons encore nombreux à les sensibiliser aux conséquences de leur abstention de signer un registre… sous les yeux réprobateurs d’élus épris de projets commerciaux indécents.

Comment respecter ces citoyens qui habitent un secteur qualifié de ‘patrimonial’? N’aurait-il pas droit eux aussi à une aide financière pour mettre en valeur leur propriété qui sera visitée par les centaines de travailleurs qui ne pourront pas stationner dans la trentaine de places prévues à côté du futur édifice, comme il le sont déjà par les touristes qui se rendent à la plage?

De retour à Magog après une absence trop longue, tout en étant propriétaire d’une maison depuis 1977, cet échec démocratique me déçoit. J’ai vécu en Afrique où ces phénomènes d’exploitation sont courants. J’ai milité dans des quartiers montréalais où les citoyens ont perdu leur pouvoir au profit de projets fous. Je viens de vivre la fin de la Coopérative de solidarité du Mont-Orford en raison d’un manque de clairvoyance des élus qui gèrent la montagne dans un esprit commercial de courte durée. Je cherche avec vous des leaders qui travaillent pour le développement durable.

 

Louise Gagné