Les terrains vacants ne sont pas des nids-de-poule

 

Il est intéressant de constater que des projets sortant un peu de l’ordinaire arrivent périodiquement sur la table du Conseil municipal de Magog. C’est le cas pour le projet de «Beer Garden» et pour l’édifice qui pourrait se construire à l’intersection des rues Principale Ouest et Sherbrooke.

C’est généralement la mairesse, madame Hamm, qui est la première questionnée par les journalistes lorsque de tels projets apparaissent. Or, en réponse aux questions des journalistes dans les deux dossiers les plus récents, les propos de madame Hamm ont été plutôt surprenants.

Dans le cas du «Beer Garden», elle a déclaré: «Ça remplirait un terrain qui est vacant depuis des années et qui n’est pas très attirant du point de vue visuel. Il me semble que le moment est parfait pour cette initiative.»

Dans le cas de l’édifice qui serait construit de biais avec l’Hôtel de Ville, son commentaire est allé dans le même sens: «Ça fait un bout de temps qu’il est question de boucher le trou qu’on voit, sur la Principale, à cet endroit. Ce qui est certain, c’est qu’un immeuble serait bien mieux que les vieilles fondations et la friche qu’on aperçoit sur place.»

Cela n’en dit pas très long sur la vision que les dirigeants municipaux ont pour le développement harmonieux du centre-ville. On a un peu l’impression que, pour la mairesse, les terrains vacants sont comme des nids-de-poule : il faut les remplir le plus vite et le mieux possible. C’est une idée qui se défend jusqu’à un certain point.

Toutefois, dans le cas du développement urbain, un effort de réflexion plus large est de mise. Sur le terrain vacant près de l’Hôtel de Ville, plusieurs personnes ont déjà suggéré d’y construire un belvédère qui donnerait une belle vue sur la rivière. Toutefois, un tel aménagement ne rapporterait rien à la ville et il serait une duplication du belvédère qui a récemment été construit devant le CHSLD. D’un autre point de vue, si c’est un édifice massif qui est édifié sur ce terrain, il s’agirait d’une structure coûteuse et permanente qui enterrerait à tout jamais l’idée d’un pont qui enjamberait la rivière à cet endroit et qui serait une alternative pour la circulation si le pont près de la Pointe Merry était bloqué – notamment par un train. Le déplacement de la voie ferrée serait une espèce de prérequis si l’idée d’un pont additionnel est mise de côté. La Ville n’en parle pas. Quel est donc son plan B?

Quant au «Beer Garden», l’idée n’est pas mauvaise non plus. Mais pourquoi ne pas réserver l’intersection très achalandée de Principale Ouest / Merry Nord à un bel édifice comme celui présenté récemment dans Le Reflet du lac? En attendant un tel projet, le «Beer Garden» ne rapporterait guère plus à la Ville que l’actuel terrain vacant… qui n’a rien de particulièrement désagréable. Quant aux problèmes de circulation et de sécurité découlant du projet, ils ne semblent pas avoir été analysés en profondeur. L’idée d’y tenir un marché public les fins de semaine de l’été, et peut-être de l’automne, si séduisante soit-elle, mériterait, elle aussi, un examen très attentif. Par contre, si le projet s’installait sur le terrain vacant de la rue du Moulin, à côté de la Place du Moulinier et à deux pas du vaste stationnement municipal, ce serait une tout autre affaire qui mériterait une nouvelle présentation du projet. Et aussi, bien sûr, une consultation sérieuse des résidents du secteur qui voudraient sûrement obtenir des garanties de tranquillité tout en permettant aux clients du «Beer Garden» de s’amuser… avec vue sur le lac en prime.

Compte tenu des gros points d’interrogation qui subsistent, quelle est l’urgence de modifier le zonage? Les Magogois seraient bien avisés de se présenter en grand nombre à la séance de consultation qui se tiendra à ce sujet ce mardi 13 février à l’Hôtel de Ville à 18 h 30.

Daniel Faucher

Ex-Magogois toujours intéressé par sa belle ville d’origine