Bonne nouvelle au sujet de l’îlot Tourigny de Magog

Tout récemment, la Ville de Magog annonçait qu’elle n’avait reçu aucune proposition pour l’achat de l’îlot Tourigny dont elle est propriétaire depuis plusieurs années et qu’elle désire vendre. C’est une très bonne nouvelle, car elle garde ouverte la possibilité que ce riche emplacement soit conservé comme site patrimonial des plus intéressants.

Cette propriété a été acquise par la Ville au début des années 2000 alors qu’il était question de construire une nouvelle bibliothèque dans ce secteur urbain. Comme la démolition de la maison et la conversion du terrain à un autre usage étaient tenues pour acquises, la Ville n’a fait que le strict minimum d’entretien après le moment de l’achat. Par la suite, lorsque le projet de nouvelle bibliothèque a été déplacé à l’église Sainte-Marguerite-Marie, devenue vacante à la suite de la fermeture de la paroisse, la Ville n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour l’entretien décent de ce magnifique emplacement ni fait preuve d’initiative pour traiter la maison comme un édifice à valeur patrimoniale – malgré une étude commandée par la Ville elle-même qui lui accorde une valeur patrimoniale «élevée».

Contrairement à ce que le Conseil municipal semble vouloir faire croire aux citoyens par son manque d’intérêt concret pour cette propriété, conserver la valeur patrimoniale d’un immeuble ne signifie pas qu’une ville doive conserver la propriété de cet immeuble. Une ville possède des outils législatifs et réglementaires pour assurer qu’un immeuble patrimonial ne soit pas démoli ou défiguré, et pour assurer aussi que toute rénovation d’un tel édifice en conservera ou même en améliorera l’intégrité architecturale. L’indolence de la Ville par rapport à l’îlot Tourigny ne s’explique pas autrement, que par sa frénésie du développement immobilier intensif dans le couloir menant à la Baie-de-Magog, alors que le centre-ville peine à survivre. Le dernier appel de propositions du mois de janvier 2014, avec maquettes «suggestives» à l’appui, allait très exactement dans ce sens.

Voici comment il pourrait être possible de voir les choses autrement : une fois la valeur patrimoniale de l’immeuble protégée, que la Ville remette en vente la propriété à un prix en deçà de sa valeur sur le marché (à cause de sa négligence à l’entretenir et à l’améliorer depuis au moins dix ans); qu’elle précise les usages possibles, le ratio minimum d’espace vert ou aménagé à respecter par rapport à la surface de la maison, de même que la surface maximum de stationnement pouvant occuper la surface non construite.

En faisant un raisonnement à l’envers, les citoyens magogois pourraient alors conclure que l’argent que la Ville obtiendrait en moins lors de cette vente à rabais équivaudrait plus ou moins aux frais d’entretien qu’elle aurait dû engager pour conserver la propriété en parfait état depuis plus de 10 ans. Et l’entrée ouest de la ville retrouverait sans plus de frais un impact visuel infiniment plus fort, comme en font foi de très belles photos des années 1930.

 

Daniel Faucher

Ex-magogois