Kevin Spacey est décrit au procès comme un prédateur «insidieux et sournois»

LONDRES — L’un des hommes qui accusent Kevin Spacey d’agression sexuelle a décrit l’acteur au tribunal, lundi, comme un prédateur «insidieux et sournois» que les beaux jeunes hommes étaient mieux d’éviter à tout prix. 

Le plaignant, qui a travaillé avec l’accusé lorsque l’acteur américain est venu au «Old Vic Theatre» de Londres, au début des années 2000, a déclaré que Spacey lui avait dit qu’il pouvait le présenter aux vedettes d’Hollywood. 

Dans une vidéo de son entretien avec la police, diffusée lundi pour les jurés au procès, il a expliqué que ce qui circulait dans le milieu à l’époque, c’est qu’il devait faire très attention à Spacey.

Il a expliqué aux policiers l’année dernière que Spacey l’avait rapidement mis mal à l’aise en l’interrogeant sur sa sexualité, puis est devenu «physiquement un peu trop affectueux», avant de passer carrément à des attouchements directs, lorsque les deux hommes étaient seuls.

Le plaignant, qui ne peut être identifié en vertu de la loi britannique, a comparé Spacey au méchant qu’il interprète dans le suspense policier «Se7en» de 1995 — un tueur en série motivé par les sept péchés capitaux.

Kevin Spacey, âgé de 63 ans, a plaidé non coupable à une douzaine d’accusations impliquant quatre hommes, pour des agressions qui auraient eu lieu entre 2001 et 2013. Il est notamment accusé d’agression sexuelle, d’attentat à la pudeur et d’avoir incité une personne à se livrer à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement.

Il pourrait être condamné à la prison s’il était reconnu coupable, bien que Spacey ait déclaré à un magazine allemand qu’il s’attendait à ce qu’on lui propose du travail sur les plateaux dès qu’il sera «innocenté de ces accusations».

Le procès devant un jury de neuf hommes et trois femmes, qui devrait durer quatre semaines, doit reprendre mardi.

Autrefois l’un des plus grands acteurs de sa génération, Kevin Spacey a remporté un Oscar pour son rôle de soutien dans «Suspects de convenance» en 1995, et l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation dans «Beauté américaine» en 1999. Il a également remporté des prix pour la scène et le petit écran.

Sa carrière a pris un sérieux coup lorsque des allégations d’inconduite sexuelle contre lui ont émergé, alors qu’explosait le mouvement #MoiAussi. 

Son personnage a été éliminé sans ménagement du suspense politique «House of Cards», un mégasuccès de Netflix, et sa participation au film «Tout l’argent du monde», dont le tournage était alors terminé, a été carrément gommée. L’acteur canadien Christopher Plummer a tourné en vitesse plusieurs scènes pour refaire le montage du film de Ridley Scott. 

«On le connaît bien»

Le plaignant qu’on a entendu lundi a déclaré avoir réagi avec horreur lorsque Spacey a établi un premier contact physique en lui frottant le cou, au début de leur relation de travail, au début des années 2000. Lorsqu’il s’est plaint à une femme pour qui il travaillait, elle a ri et elle a dit: «Vous pouvez vous en sortir, vous pouvez le gérer. On le connaît bien.»

L’homme a dit qu’il avait décidé de ne pas brasser la cage et qu’il avait continué son travail. Mais lorsque Spacey s’est mis à saisir son entrejambe et à lui prendre la main pour frotter ses parties intimes, il a commencé à redouter les retours de Spacey à Londres.

Lors du contre-interrogatoire, l’avocat de l’acteur, Patrick Gibbs, a suggéré que l’homme, qui était caché derrière un rideau dans la salle d’audience, avait été confus par les attouchements, qui lui avaient même fait éprouver des émotions fortes.

«Rien ne s’est passé entre nous. Il m’a agressé, a répondu l’homme. Je faisais mon travail et c’est lui qui m’a touché.»

Il a dit que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est arrivée un jour où il conduisait Spacey à un gala d’été de célébrités, en 2004 ou 2005. L’acteur a violemment saisi son entrejambe, tellement qu’il a failli faire une sortie de route, a témoigné l’homme.

«Je l’ai poussé contre la portière et je lui ai dit: « Ne refais plus jamais ça ou je t’assomme ».»

«C’est tellement excitant pour moi, aurait répondu Spacey. Tu es tellement mâle.»

L’homme a aussi expliqué qu’il avait parlé à quelques personnes seulement de son expérience avec Spacey, craignant que cela n’affecte sa carrière. Mais lorsque l’acteur a été accusé d’avoir agressé les trois autres victimes présumées, il a décidé de porter plainte lui aussi, l’année dernière.

«Ou est-ce plutôt qu’en 2022, vous avez vu passer un train en marche et vous avez décidé de monter?», a demandé Me Gibbs.

«Ce n’est pas vrai du tout», a répondu l’homme.