L’héritage de Pauline Bachand a profité à des milliers de jeunes

PATINAGE. Lorsqu’elle a jeté les bases du Club de patinage artistique Les Libellules en 1973, Pauline Bachand était loin de se douter qu’elle préparait un héritage qui allait profiter à des milliers de jeunes filles et garçons pendant un demi-siècle.

« Tout ce qu’on voulait à l’époque, c’était offrir une activité sportive aux filles, puisque celles-ci n’avaient strictement rien, contrairement aux garçons qui pouvait pratiquer le hockey et le baseball », rappelle l’ex-présidente et fondatrice de l’organisme magogois.

En compagnie de sept autres femmes, Mme Bachand s’inscrit alors à une formation pour devenir entraîneure de patinage, et réussit à obtenir une heure de glace chaque semaine, le mercredi à 21 h.

Malgré cette plage horaire peu séduisante, le succès est immédiat. « On a rapidement atteint 100 inscriptions, et 100 autres filles étaient sur une liste d’attente. On ne pouvait pas en prendre davantage, car ça faisait déjà pas mal de monde en même temps sur la patinoire. »

Bien consciente qu’elle et son groupe bousculaient les habitudes à l’aréna de Magog, Pauline Bachand réussit tout de même à tripler les heures de pratique à la troisième saison. « En plus du mercredi, on avait droit au dimanche matin de 6 h à 8 h. Je sais qu’on dérangeait les utilisateurs réguliers, alors on n’a pas eu le choix de prendre ce qu’on nous offrait », concède-t-elle.

« Quand je repense aux 50 dernières années, plusieurs événements me reviennent en tête, poursuit Mme Bachand, aujourd’hui âgée de 79 ans. Les parents ont vraiment mis la main à la pâte pour que ça fonctionne. En plus de donner les cours, certaines mamans participaient à la confection des costumes. »

Toutes dans la même voiture

Également membre de la première heure, Nina Lessard (Lizotte) se rappelle de son côté tout le plaisir qu’elle avait à côtoyer les autres femmes. « On embarquait pratiquement tout le monde dans la voiture de M. Bachand (le défunt mari de Pauline) et on allait suivre nos formations ensemble. J’ai malheureusement arrêté de donner des cours après quatre ans, à la suite d’un bête accident. J’ai subi une fracture du poignet en tombant à la sortie de la glace et ce fut terminé pour moi », raconte la dame aujourd’hui âgée de 87 ans.

Nina Lessard (aussi connue sous le nom de Lizotte) et Carole Frappier ont fait partie du premier groupe d’enseignantes de patinage artistique il y a un demi-siècle. Elles ont conservé une bonne partie des écussons désignant le niveau d’apprentissage. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

Pour sa part, Carole Frappier s’étonne encore d’avoir fait partie du groupe fondateur, surtout que la nouvelle activité était loin de correspondre à sa personnalité. « J’avais fait du patinage de vitesse plus jeune, mais je n’aurais jamais cru donner des cours de patinage artistique. C’est un sport avec un certain style, une certaine classe, et moi, je n’ai jamais été une femme sur le bout des doigts », lance-t-elle en riant, tout en mimant quelqu’un avec un « air pincé ».

« Je crois cependant que mes talents de clown ont été appréciés », ajoute la femme de 72 ans sur le même ton.

Spectacle le 22 avril

Les trois dames auront la chance de jeter un œil sur l’étendue de leur œuvre, ce samedi 22 avril, alors qu’on présentera la 50e revue sur glace annuelle du CPA Magog.

Carole Frappier et Pauline Bachand devraient même prendre part à un numéro des anciens, elles qui avaient raté le rendez-vous du 45e en 2018, en raison de blessures. 

Mme Bachand y retrouvera aussi sa fille Sylvie, une patineuse de la première heure qui a notamment enseigné ce sport en Allemagne après sa carrière de compétitrice. 

« Mon implication dans le patinage artistique aura duré environ 17 ans. En plus des Libellules, j’ai aussi participé à la création de l’Association régionale de l’Estrie, tout en étant juge lors des compétitions. Ce fut une bien belle aventure », conclut Pauline Bachand.