Yanick Jean ne voulait pas déranger ses troupes avec sa marque personnelle

Yanick Jean est devenu vendredi l’entraîneur-chef le plus victorieux de l’histoire de la Ligue de hockey junior Maritimes-Québec (LHJMQ). Mais pour le patron des Saguenéens de Chicoutimi, la priorité était que cette 590e victoire dans le circuit Cecchini ne devienne pas source de distraction pour ses joueurs.

«J’ai toujours vu ça comme un privilège, a-t-il dit au cours d’une visioconférence, lundi. Je ne tenais pas un décompte personnel, mais c’est certain que des gens dans mon entourage m’en parlaient. Je ne voulais pas que ça devienne une source de distraction pour l’équipe. Personnellement, je ne m’attardais pas à ça. Ça ne m’empêchait pas de dormir.»

Ça ne l’a pas empêché de se réjouir de ce gain de 5-0 contre les Tigres de Victoriaville, où il dirigeait avant de s’amener à Chicoutimi en 2014. Il a du même coup dépassé Richard Martel, qui lui a donné sa première chance comme adjoint dans le circuit québécois.

Martel était d’ailleurs sur place pour féliciter son ancien protégé, vendredi dernier.

«Richard est venu à la fin de l’encontre dans le corridor de l’équipe. On a échangé quelques mots, mais tout se passait tellement rapidement», a-t-il noté, avant de dévoiler qu’il avait reçu plusieurs centaines de messages.

«Personne de qui je ne m’attendais pas, mais parmi ceux qui m’ont touché, il y a celui de Julien BriseBois (le directeur général du Lightning de Tampa Bay). C’est quelqu’un qui n’a pas oublié d’où il vient», a-t-il mentionné. 

Longévité

On ne peut évidemment pas accumuler près de 600 victoires dans une ligue sans adapter sa vision au fil des ans. Jean croit que le secret de sa longévité — près de 20 ans — tient à son ouverture aux nouvelles générations.

«Il faut être capable de s’adapter (aux joueurs), de s’adapter aux générations qui changent à la vitesse de l’éclair ces années-ci», a-t-il d’abord évoqué. 

«Je suis convaincu que tu dois t’adapter, même si ce n’est pas une recette miracle. Il y a 40, 50, ou 60 ans, c’étaient les joueurs qui devaient s’adapter. Dans les années 2000, c’est le rôle de l’entraîneur de s’adapter à un groupe de jeunes de 16 à 20 ans qui peut changer de semaine en semaine, ou de mois en mois», a-t-il poursuivi. 

«L’aspect mental est celui que j’ai le plus amélioré. Avant, on implantait un système de jeu, on travaillait sur l’entraînement des joueurs. Maintenant, il faut travailler sur l’aspect hockey, mais surtout sur l’aspect mental. Il faut être au-devant au chapitre des études; on veut être des modèles, on veut s’assurer que tout le monde joue dans des conditions optimales. Pour ça, on s’intéresse beaucoup plus à la santé mentale des jeunes», a-t-il assuré. 

Gravir les échelons?

Même si son nom n’est plus à faire dans les rangs juniors, Jean n’aspire pas à gravir les échelons supérieurs. Du moins, pas pour l’instant.

«Pour l’instant, je suis extrêmement bien où je suis. Quand je suis arrivé ici, j’ai pris des décisions familiales qui font que je veux être ici longtemps, jusqu’à la fin des études de mes enfants», a-t-il noté. 

«Il me reste deux ans à écouler à mon contrat de 10 ans. Je travaille avec des gens formidables, et je ne suis pas pressé de partir d’ici. Pour travailler dans le monde du hockey, il faut travailler avec des gens en qui tu as confiance, avec qui tu as de bonnes relations, des gens qui forment une famille. Ici, tout le monde laisse son ego à la porte. C’est ce qui fait qu’on est bien pour travailler. Ça n’occupe pas pour l’instant mes pensées de partir d’ici», a-t-il conclu. 

Le top-5 des entraîneurs les plus victorieux de l’histoire de la LHJMQ

Yanick Jean – 590*

Richard Martel – 589

Guy Chouinard – 569

Mario Durocher – 546

Réal Paiement – 541

* Entraîneur actif