Pour Estephan, Michel a tenu des propos «malheureux» en s’en prenant à Roussel

MONTRÉAL — Camille Estephan avait mal à son sport, mardi, quand il a rencontré les médias en marge de la pesée officielle en vue du combat d’unification des super-mi-moyennes entre Mary Spencer et Femke Hermans.

Comme un peu tout le monde, il a pris connaissance des propos tenus par Yvon Michel à la suite de la défaite par décision partagée de Kim Clavel en combat d’unification aux mains d’Evelin Bermudez, le week-end dernier.

Michel a accusé le juge Benoît Roussel de ne pas avoir opté pour la boxeuse locale en attribuant une note de 96-94 en faveur de l’Argentine — la même que le juge américain Frank Lombardi — aux termes d’un combat serré. Des médias ont également rapporté que des dirigeants de Groupe Yvon Michel auraient engueulé la représentante de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) au terme de la soirée, en plus de faire irruption dans le vestiaire des officiels et de poursuivre Roussel jusqu’à sa voiture, dans le stationnement de la Place Bell.

«Ce qui m’attriste là-dedans, c’est d’entendre (le chroniqueur d’économie sportive) Ray Lalonde sur les ondes de BPM Sports dire que le cirque devrait sortir de la boxe professionnelle. Que tu le veuilles ou non, on est mis dans le même panier, a raconté Estephan, président d’Eye of the Tiger Management. Ça fait mal à la boxe des gestes comme ceux-là. On essaie de montrer à quel point on est professionnels. (…) Se faire ‘garrocher’ des roches comme ça, ça me fait de la peine. Oui, les émotions peuvent être vives, mais il ne faut pas laver son linge sale en public.

«Je n’ai pas regardé le combat, mais j’ai vu les faits saillants. J’ai aussi vu les entrevues qui ont suivi. Le travail d’un juge n’est pas facile. (…) On a de très bons officiels, mais ça ne veut pas dire qu’un individu ne peut pas connaître une mauvaise soirée», a poursuivi Estephan. 

Plus que la sortie de Michel contre Roussel, Estephan en avait contre son attitude envers la RACJ après le gala.

«L’intimidation, c’est inacceptable. Je n’étais pas là, mais ce qui a été rapporté, je ne veux pas me mouiller, mais d’identifier une personne publiquement comme ça et de s’attaquer à des employés qui tentent de faire leur travail, c’est inacceptable. Ce n’est pas l’image de la boxe qu’on veut projeter et je tiens à dire que personnellement, je trouve que la Régie fait un travail admirable. C’est la seule commission athlétique au monde qui s’assure que les boxeurs reçoivent leur argent. Ils sont vraiment là pour les bonnes raisons, les athlètes sont protégés. (…) De la part de la boxe professionnelle, je veux qu’on s’excuse auprès de ces gens-là, parce qu’ils font un travail exceptionnel», a-t-il réitéré.

Estephan comprenait toutefois dans quel état d’esprit se sentaient Michel et le clan Clavel après ce revers.

«Parfois, les émotions peuvent avoir le meilleur de nous. Est-ce que j’ai déjà pensé qu’on avait été victime d’une décision injuste? Oui. Mais les émotions n’apportent pas de bonnes choses d’habitude», a-t-il rappelé.

«Ce que je peux comprendre de l’extérieur, c’est que les esprits se sont échauffés. Pour la boxe québécoise, ç’aurait été important que Kim Clavel gagne. On n’a pas de champion au Québec. J’espère que Mary (Spencer) va prendre le flambeau et ramener des titres (mercredi). C’est important», a dit Estephan.

Ce dernier ne souhaite pas non plus que ses boxeurs bénéficient d’un préjugé favorable de la part des juges du Québec.

«Si on lit entre les lignes, c’est ce qui a été dit. Je trouve que c’est un peu du racisme. Pour protéger l’intégrité du sport, il faut s’assurer qu’on soit équitables, a mentionné Estephan. Nous, comme promoteurs, on veut investir dans nos athlètes. C’est clair qu’on veut qu’ils gagnent et qu’on veut mettre toutes les chances de notre côté, mais l’intégrité du sport doit être protégée. C’est malheureux ces remarques-là.»

L’entraîneur Marc Ramsay apporte aussi un éclairage différent sur les sports jugés.

«C’était un combat excessivement serré, a-t-il dit au sujet du duel Clavel-Bermudez. Ça fait partie de la vie, dans un sport jugé. On le voit en patinage artistique et dans d’autres sports. Moi-même, j’ai été victime de décisions que j’estimais être en ma faveur. D’autres fois, on a eu des décisions qu’on croyait ne pas mériter. Ça fait partie du ‘business’.»