Le CF Montréal veut rehausser la représentativité féminine dans son organisation

MONTRÉAL — La Journée internationale des droits des femmes nous rappelle souvent à quel point il reste du chemin à parcourir en ce qui a trait à l’équité des sexes, mais le CF Montréal tente de faire avancer les discussions de jour en jour.

Le sport professionnel a été dirigé exclusivement par des hommes pendant des décennies, jusqu’à ce que certaines femmes réussissent à briser le plafond de verre pour obtenir des postes de direction. Le Bleu-blanc-noir a emprunté cette voie récemment, tant dans ses bureaux que sur le terrain, et il a continué à faire des pas en avant sur le plan de l’implication féminine.

Au fil des années, la MLS a rehaussé sa représentativité féminine, s’illustrant de belle façon parmi les ligues professionnelles en Amérique du Nord. En date d’aujourd’hui, elle compte quatre propriétaires majoritaires et six propriétaires minoritaires féminines ainsi que 18 femmes occupant un poste de vice-présidente. De plus, 41 pour cent de ses employés sont des femmes.

Afin de renforcer ses missions de diversité et d’inclusion, le CF Montréal a fait passer de 13 à 26 pour cent sa représentativité féminine au sein de l’équipe de direction depuis 2021 (de deux à cinq) et il a connu une croissance de 81 pour cent de manière générale à ce chapitre au sein de son organisation. Il compte aussi deux femmes sur cinq au sein de l’équipe exécutive.

«C’est une fierté. Je n’aurais pas rejoint le club si ça n’avait pas été le cas, a dit Samia Chebeir, qui a été embauchée en 2022 en tant que vice-présidente et chef de la direction du marketing et des communications du CF Montréal. Nous avons des dirigeants qui croient en cette vision-là, en cette complémentarité-là, et nous avons également des partenaires corporatifs qui nous aident. Nous sommes en 2023, les femmes ne devraient plus se battre pour l’équité. Nous avons besoin de femmes qui n’ont pas peur de casser ces conventions et de changer les paradigmes actuels.»

Après le succès de son premier panel «Femmes en milieu sportif», en 2022, la formation montréalaise a effectué une série d’actions qui a augmenté son implication dans le soccer féminin.

Le CF Montréal a officiellement embauché l’ancienne joueuse canadienne Amy Walsh à titre de collaboratrice en soccer féminin, en septembre 2022, il a accompagné le Programme Excel Féminin (PEF) de Soccer Québec lors d’un voyage en France, en avril. Il a ensuite confirmé le rapatriement du PEF au sein de l’Académie du club, en mai, et il a tenu pour une première fois une semaine de soccer féminin, en juillet.

À l’instar de la Journée internationale des droits des femmes, la semaine de soccer féminin était une façon d’alimenter les discussions sur le statut des femmes dans plusieurs sphères de la société. L’objectif reste toutefois d’en parler pendant toute l’année, et pas seulement à des moments spécifiques.

«C’est important d’en parler. La majorité des objectifs sont qualitatifs et non quantitatifs, mais nous voyons qu’il y a plus d’inscriptions féminines dans le sport, que les questions sont différentes lors des panels. J’ai vu plus de diversité dans la salle cette année, a indiqué Chebeir. C’est important de donner une plateforme à des modèles féminins pour qu’elles s’expriment et qu’elles inspirent les gens. Plus il y a des discussions, plus il y a de l’ouverture d’esprit et de la considération pour les femmes. Je suis convaincue que nous sommes plus ouverts qu’il y a un an, parce que nous avons eu ces conversations au sein du club.»

L’embauche de Walsh, qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 et qui est membre du Temple de la renommée du soccer canadien depuis 2017, est venue ajouter de la crédibilité sur le terrain et du côté de l’Académie. Walsh faisait d’ailleurs partie du voyage qui a mené le PEF en France et elle n’hésite pas à souligner l’importance que le CF Montréal peut avoir pour donner de la visibilité aux femmes et aux jeunes filles.

«J’adore participer à ce genre d’activité, et nous avons également créé une journée ‘Bouge avec le CF Montréal’, qui a permis à 80 jeunes filles provenant de milieux désavantagés de sauter sur leur terrain avec le PEF. C’est important que des événements comme ça soient établis. Le CF Montréal est un leader sportif dans notre province et c’est important que ce soit mis de l’avant. Tu vois dans les yeux des dirigeants qu’ils veulent faire progresser le mandat d’équité et que c’est une priorité. Je trouve ça encourageant», a-t-elle affirmé.

Aussi l’affaire d’un homme

Un nom en particulier est revenu dans les discussions lorsqu’il a été question de hausser la présence féminine au sein du Bleu-blanc-noir: celui du président et chef de la direction Gabriel Gervais.

Officiellement en poste depuis avril 2022, Gervais a eu du pain sur la planche à son retour à Montréal. Une de ses visions était de réaffirmer la mission et les valeurs du club et pour y arriver, il devait incontestablement faire plus de place aux femmes.

«La mission du club était de redonner à la communauté à travers le développement du soccer, de la base jusqu’au niveau professionnel. Quand nous parlons du développement du soccer, c’est tant du côté masculin que féminin. C’est important pour nous d’être inclusifs», a expliqué Gervais.

«Gabriel a toujours fait allusion à l’importance des femmes et à la présence qu’elles doivent occuper dans l’organisation», a ajouté Chebeir.

Ce n’est pas une science exacte, mais on a souvent l’impression que les femmes qui occupent des postes de direction font preuve de plus d’empathie et de compréhension que les hommes concernant certains enjeux. Gervais a en quelque sorte abondé dans ce sens, notant qu’il est bon d’avoir des points de vue différents au sein d’une même équipe.

«Les femmes ont une façon de penser différente, que ce soit du côté culturel, au sujet de l’égalité des sexes, etc. Ça amène un angle différent et c’est bon d’avoir de la diversité et de l’inclusivité lors des prises de décision», a soutenu Gervais.

Comme c’est le cas dans plusieurs sphères de la société, le CF Montréal est conscient qu’il doit continuer à en faire plus dans le dossier féminin. Ses efforts sont déjà louables, mais dans un contexte de sport professionnel masculin, ils ne semblent pas suffisants jusqu’à ce que l’équité soit atteinte.

«Nous avons encore du travail à faire. Nous avons dit que nous voulions nous rendre à un tiers de femmes parmi les employés de l’organisation d’ici les prochaines années. Il y a déjà eu beaucoup de progrès du côté de la direction. Il y a Samia et Amélie (Vaillancourt, la vice-présidente et chef de la direction des ressources humaines). Les femmes apportent beaucoup à notre organisation, mais je pense que nous pouvons aussi améliorer le côté technique. En embauchant des femmes comme entraîneuses, dans des postes médicaux ou du côté des opérations sportives», a énuméré Gervais.