Une coalition suggère de prioriser le service pour le bien du transport collectif

MONTRÉAL — Électrifier le transport collectif, c’est bien, mais assurer un service de qualité, c’est mieux. C’est le message qu’envoient plusieurs organismes de défense de l’environnement dans un contexte où les difficultés financières des sociétés de transport pourraient mener à des réductions de service.

Dans un communiqué publié lundi matin, sept organismes soutiennent que malgré le manque à gagner des sociétés de transport, qui dépasserait les 500 millions $ dans la région de Montréal, il faut trouver des façons de faire des économies qui n’auront pas d’impact négatif sur l’offre de service.

À leur avis, l’abandon de l’automobile ne se fera que s’il existe une autre option intéressante, à savoir un transport en commun fiable et fréquent.

Ils proposent donc au gouvernement du Québec de repousser son échéancier pour l’électrification des autobus urbains, une initiative qui doit entraîner des dépenses d’environ 525 millions $ au cours des quatre prochaines années.

Les signataires du communiqué soulignent que c’est une bonne chose que le Québec se soit doté de cibles ambitieuses pour l’électrification des autobus, mais de leur point de vue, l’avantage d’avoir un parc d’autobus électriques n’aura pas l’effet escompté si les gens délaissent le transport en commun en raison d’une baisse du service.

Selon eux, «mieux vaut deux autobus hybrides sur nos routes, plutôt qu’un seul 100 % électrique».

«Bien qu’il soit pertinent de substituer des autobus en fin de vie par des autobus électriques, les fonds très importants qu’on dédie à l’électrification de nos autobus pourraient donc avoir un plus grand impact s’ils étaient alloués à une augmentation de l’offre, et c’est ce qu’on demande au gouvernement de permettre», ont indiqué les signataires dans leur communiqué.

«Présentement, la priorité doit être de transférer des déplacements réalisés en voiture et en camion léger (17,2 % de nos émissions de GES) vers les transports en commun, et non de décarboner au plus vite nos flottes de bus urbains qui ne comptent que pour 0,4 % de nos émissions de GES», ont-ils plaidé, soutenant qu’il est «inacceptable» que des coupes de service soient envisagées.

À la recherche de solutions

La baisse de l’achalandage depuis la pandémie et un déficit lié au maintien des infrastructures ont plombé les finances des sociétés de transport dans les dernières années.

Les villes, qui sont responsables des sociétés de transport, demandent l’aide de Québec, qui répond que ce n’est pas à lui de payer pour les déficits.

Une rencontre doit d’ailleurs avoir lieu lundi entre la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et les maires et mairesses des villes qui ont une société de transport.

Selon les informations de La Presse Canadienne, le gouvernement serait prêt à éponger les pertes de revenus tarifaires liées à une diminution de l’achalandage depuis la pandémie, mais refuserait de payer pour les déficits structurels.

Les organismes qui signent le communiqué publié lundi mentionnent que cette rencontre devrait mener à «des objectifs minimums de croissance de l’offre à atteindre dans chacune des sociétés de transport», et pas à une réduction de service pour éponger les pertes.

«Il est de leur responsabilité conjointe d’atteindre et de financer une croissance des services dès cette année», ont-ils écrit, arguant que «se satisfaire d’une stagnation de l’offre serait inacceptable et irresponsable».

Le communiqué a été signé par Équiterre, Vivre en Ville, Trajectoire Québec, la Fondation David Suzuki, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, Greenpeace Canada et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.