Une cérémonie marque le début de la recherche de sépultures par les Premières Nations

MINEGOZIIBE ANISHINABE — Avant que le soleil ne perce le ciel lundi matin, les membres d’une première nation du Manitoba avaient prévu d’entamer d’une bonne manière un mois de recherches cruciales. 

Des conseillers spirituels devaient diriger une cérémonie du calumet à Minegozibe Anishinabe tandis qu’un feu sacré devait être allumé près de l’endroit où pourraient se trouver les tombes potentielles d’enfants forcés de fréquenter un pensionnat.

Le feu sacré devrait brûler pendant l’intégralité de l’excavation estimée à quatre semaines d’une zone sous l’église catholique où 14 anomalies ont été détectées à l’aide d’un radar pénétrant dans le sol l’année dernière.

«Cela permet une approche du travail que nous devons faire dans la communauté qui tient compte des traumatismes et qui tient compte de la spiritualité et de la culture», a déclaré le chef Derek Nepinak avant la cérémonie.

Lundi, il s’agit de s’assurer que les aînés, les survivants et les survivants intergénérationnels de l’ancien pensionnat de Pine Creek reçoivent un soutien avant la mise en chantier qui devrait avoir lieu mardi. 

La Première Nation, au nord-ouest de Winnipeg, travaille avec des archéologues et des scientifiques de l’Université de Brandon pour mener la recherche. Le chef Nepinak a déclaré que c’est la même équipe qui assiste la police lorsque des fouilles et des excavations archéologiques sont menées dans la province.

Avant que l’excavation ne puisse commencer, l’équipe doit délimiter une zone où la fouille aura lieu et où les matériaux seront transportés.

«C’est une approche très méticuleuse et ciblée qu’ils utilisent», a commenté M. Nepinak.

Il croit que Minegozibe Anishinabe est l’une des premières communautés au Canada à commencer à creuser après avoir détecté des tombes potentielles non marquées sur d’anciens sites de pensionnats.

On estime qu’environ 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats. Plus de 60 % des écoles étaient gérées par l’Église catholique.

Les survivants des écoles parlent depuis des décennies de la possibilité de tombes anonymes sur les sites, ce qui a incité la Commission de vérité et réconciliation du Canada à publier un rapport sur les enfants disparus et les sépultures anonymes en 2016.

Mais ce n’est que lorsque Tk’emlups te Secwepemc a publié ses conclusions sur ce que l’on pense être 215 sépultures anonymes à l’ancien pensionnat pour enfants autochtones de Kamloops en Colombie-Britannique en 2021 que le pays et le monde en ont pris note.

Des questions en suspens

Le gouvernement fédéral a nommé Kimberly Murray comme interlocutrice spéciale indépendante sur les tombes anonymes et s’est engagé à financer les efforts de recherche.

Le rapport provisoire de Mme Murray le mois dernier a décrit plus d’une douzaine d’autres Premières Nations qui ont commencé des recherches au sol, dont une dans la nation crie de Star Blanket en Saskatchewan où les restes partiels d’un enfant âgé de quatre à six ans ont été retrouvés.

Certaines communautés sont encore en train de réfléchir à la suite à donner à leurs recherches, certains aînés ayant exprimé leur inquiétude quant à l’éventualité de perturber le sol où repose un enfant. 

Le chef Nepinak a déclaré que sa communauté avait organisé plusieurs séances de mobilisation et que des questions avaient été soulevées auxquelles lui et les conseillers n’avaient pas pu répondre.

Au fur et à mesure que les conversations se poursuivaient, il est devenu évident que les survivants devaient connaître toute la vérité sur ce qui s’était passé.

«Nous espérons que ce processus mettra un terme à certaines questions de longue date que les gens pourraient avoir sur ce qui s’est passé dans notre terre natale et sur notre territoire», a déclaré M. Nepinak.

L’école de Pine Creek était dirigée par l’Église catholique romaine et a été en fonction de 1890 à 1969 dans différents bâtiments, dont l’église, qui était sur un grand terrain.

Le Centre national pour la vérité et la réconciliation a recensé 21 décès d’enfants à l’école et les survivants parlent depuis longtemps des abus qui y ont été infligés. 

La recherche initiale de la communauté a également déterminé que 57 anomalies supplémentaires avaient été trouvées sur le terrain autour de l’église et du site de l’ancienne école, mais la Première Nation concentre ses recherches sur le sous-sol de l’église.

«Tout reste humain qui est enterré sous l’église n’a pas sa place sous une église dans notre terre d’origine, a déclaré M. Nepinak. Nous le faisons par respect pour la vie humaine et la dignité qui revient aux humains au cours de leur vie.»

Minegoziibe Anishinabe a également demandé à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’enquêter.

La GRC a lancé une enquête l’année dernière dans le but d’enquêter sur toute activité criminelle pouvant être liée aux 14 points d’intérêt détectés par la communauté.

La police a déclaré vendredi que les enquêteurs n’avaient pu découvrir aucune preuve suggérant que quelque chose de criminel s’était produit.

Ils ont ajouté que des policiers enquêteraient sur tout ce qui pourrait être criminel et qui se présenterait lors des fouilles.

Si des restes sont trouvés, la communauté travaillera avec le bureau du coroner sur les prochaines étapes, qui peuvent inclure des tests ADN.

Quel que soit le dénouement, M. Nepinak espère que la recherche fournira à sa nation «l’occasion de guérir et d’avancer d’une manière meilleure et plus forte».

Le «Programme de soutien en santé : résolution des questions des pensionnats indiens» dispose d’une ligne d’assistance téléphonique pour aider les survivants des pensionnats autochtones et leurs proches souffrant de traumatismes provoqués par le rappel d’abus passés. Le numéro est le 1 866-925-4419.