Un rassemblement à Montréal en soutien aux Iraniens

MONTRÉAL — Alors que l’Iran continue d’être déchiré par des bouleversements sociaux, causés par la contestation du régime politique autoritariste en place, le collectif Femme, Vie, Liberté Montréal et la branche francophone d’Amnistie internationale Canada organisent une marche en guise de solidarité avec le peuple iranien.

Ce grand rassemblement aura lieu samedi, à Montréal. Dès 13 heures, les participants sont invités à se rencontrer au Square Cabot, près du métro Atwater.

Les tensions en Iran ne s’apaisent pas depuis que Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, est morte en septembre dernier, dans des circonstances nébuleuses, et ce, trois jours après avoir été arrêtée par la police iranienne des mœurs.

«Elle ne portait pas son voile adéquatement, on pouvait voir ses cheveux, explique Nimâ Machouf, épidémiologiste d’origine iranienne installée à Montréal et membre du collectif Femme, Vie, Liberté Montréal. Sa mort a été comme une bougie d’allumage qui a fait éclater la colère de la population, une colère qui était contenue depuis quatre décennies en Iran.»

Ce faisant, des vagues de protestations massives ont créé il y a plusieurs mois un mouvement à travers le pays pour réclamer un changement du régime théocratique en place, et il n’est pas près de s’essouffler.

«Les femmes cessent de porter le voile en public, des gens boycottent des festivals et des activités organisées par l’État, d’autres brûlent des banderoles du gouvernement, font des graffitis sur les murs, détaille Mme Machouf. Il y a des grèves, la résistance est toujours-là, mais elle ne se manifeste pas toujours dans les rues.»

«Il y a aussi des « sit in » dans l’université, des hommes qui soutiennent les femmes. Les gens vont se filmer en train de danser dans les rues ou de chanter sur la place publique, c’est magnifique, complète France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone. Il y a quelque chose de vraiment horrible, mais aussi de très beau dans cette mobilisation qui, malgré les très graves violences, continue de rassembler la population depuis plus de huit mois.»

Les manifestations ont donné lieu à de violentes répressions de la part des autorités, qui ont procédé à des dizaines de milliers d’arrestations et de condamnations jugées arbitraires. Entre 300 et 500 personnes ont aussi perdu la vie durant ces rassemblements.

«On parle de centaines de personnes qui n’ont pas eu de procès, ou bien ces procès étaient iniques, déplore Mme Langlois. Il y a eu des dizaines de condamnations à mort, sans que ces gens puissent se défendre ou connaître la preuve contre eux; à tout coup, ces personnes-là ont été torturées.»

Mettre de la pression

Le rassemblement prévu samedi a deux objectifs précis. Ses organisatrices souhaitent unir leur voix pour faire savoir au peuple iranien que les Canadiens sont derrière eux et qu’ils soutiennent leur lutte pour plus de liberté.

«Notre rôle ici est de donner une voix à ceux qui sont en train de résister au gouvernement, de leur dire qu’on les entend et qu’on les soutient, indique Mme Machouf. Ce qui se passe en Iran, ça ne concerne pas juste les gens qui habitent ce pays, c’est une question de droits humains et le monde entier doit en être conscient.»

«Il faut soutenir cette révolution jusqu’au bout, poursuit Mme Langlois. Nécessairement, à un certain moment, un des deux côtés va lâcher, et c’est impensable que ce soit les Iraniens. Le régime ne s’attendait pas à ce que le mouvement dure aussi longtemps.»

La marche sert aussi de message au gouvernement fédéral, à qui on demandera d’agir pour mettre un terme à l’autoritarisme et aux violences iraniennes.

«L’Iran est un gouvernement théocratique qui cherche à obtenir l’arme nucléaire et qui joue un rôle important dans le Moyen-Orient. C’est un gouvernement qui soutient le terrorisme et qui bafoue les droits de sa population et particulièrement de ses femmes, rappelle Mme Machouf. Même si le Canada n’a pas de liens diplomatiques avec l’Iran, il a des alliés qui en ont ou qui ont des relations économiques avec ce pays. Il a le pouvoir de leur demander de faire pression sur le gouvernement iranien, il peut user de son influence au sein du G7 et des Nations unies.»

«Plus on se mobilise ici, plus on met de la pression sur notre gouvernement», insiste Mme Langlois.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.