Pas de progrès pour l’attente aux urgences, montre un rapport de l’IEDM

MONTRÉAL — Le temps d’attente médian aux urgences est demeuré relativement stable d’une année à l’autre, atteignant 5 heures 13 minutes, indique un rapport publié lundi par l’Institut économique de Montréal (IEDM). 

Cela représente une hausse de deux minutes comparativement aux données de l’an dernier. Selon Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM et autrice du rapport, bien que la situation soit stable, cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit acceptable. 

«Avec l’argent qu’on dépense en santé, tous les projets qu’on a, on voudrait avoir une amélioration, a déclaré en entrevue Mme Faubert. Et une augmentation de deux minutes, ce n’est pas ce que j’appelle une amélioration. La stagnation, en soi, ce n’est pas une bonne chose et ça montre qu’il faut qu’on change nos façons de faire pour trouver de meilleures solutions afin d’améliorer l’accès aux soins de santé.»

Sur une période de cinq ans, la durée médiane de séjour en salle d’urgence dans la province a augmenté de 42 minutes. Cette donnée calcule la durée de temps écoulée de l’enregistrement du patient à l’urgence jusqu’à son départ pour son domicile ou à son hospitalisation dans un autre département. 

Le rapport met en évidence qu’il existe de grandes disparités entre les régions du Québec. Les visites aux urgences dont la durée médiane est la plus longue sont dans les régions des Laurentides (7 heures et 18 minutes), de Lanaudière (6 heures et 56 minutes) et de Laval (6 heures et 53 minutes).

À l’opposé, les régions les plus performantes sont la Gaspésie (3 heures et 12 minutes), le Bas-Saint-Laurent (3 heures et 17 minutes) et la Côte-Nord (3 heures et 33 minutes). 

L’Hôpital Anna-Laberge, en Montérégie, et l’Hôpital Royale Victoria, à Montréal, ont été particulièrement achalandés en 2023-2024, avec des durées d’attente médiane respectives de 13 heures et 4 minutes et 10 heures et 27 minutes. 

Dans d’autres centres hospitaliers, la situation est tout autre. Dans les salles d’urgence des hôpitaux de Montmagny, de Chauveau, de Trois-Pistoles et de l’Hôpital de Notre-Dame-du-Lac, l’attente médiane est sous la barre des trois heures. 

Le rapport montre également que 23,1 % des patients sur civière ont passé plus de 24 heures aux urgences en 2023-2024, soit une baisse de 1,2 % par rapport aux données de l’an dernier. 

Mme Faubert fait valoir que plusieurs politiciens ont promis par le passé de régler les longs temps d’attente sur civière, mais que ces enjeux sont toujours présents aujourd’hui alors qu’une personne sur cinq passe plus de 24 heures sur une civière aux urgences. 

«C’est aussi un problème de capacité dans le système hospitalier. Parce que bien souvent les gens qui sont sur civière, ils ne sont plus dans un état d’urgence. Ils sont traités, stabilisés, mais ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Ils devraient être déplacés dans un autre département, mais par manque de lits, par manque de capacité, ils sont pris et ils doivent rester dans les urgences beaucoup plus longtemps que nécessaire», explique Mme Faubert.  

«Ça montre qu’il y a un problème dans les urgences, mais aussi dans le reste du système hospitalier.» 

Les solutions mises en place dans le réseau de la santé doivent être innovantes, souligne l’économiste. «Il faut essayer de nouvelles approches plutôt que de juste injecter de l’argent comme on fait depuis des décennies. On le voit que ça ne fonctionne pas», dit-elle. 

Elle ajoute que pour éviter que les gens se rendent aux urgences par manque d’options, il est nécessaire d’améliorer les soins de première ligne. Selon Mme Faubert, certaines initiatives actuelles sont un pas dans la bonne direction, notamment les cliniques d’infirmières spécialisées qui sont implantées dans la province. 

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