Les montres intelligentes pourraient détecter la maladie de Parkinson

MONTRÉAL — Les montres intelligentes pourraient détecter la maladie de Parkinson plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes en analysant les mouvements de l’utilisateur, démontre une expérience réalisée au Royaume-Uni.

Des chercheurs de l’Université de Cardiff, au Pays-de-Galles, ont utilisé l’intelligence artificielle pour analyser des données provenant de quelque 105 000 utilisateurs de montres intelligentes.

En mesurant la vitesse de leurs mouvements pendant une seule semaine, entre 2013 et 2016, ils ont été en mesure de prédire quels utilisateurs souffriraient éventuellement de la maladie de Parkinson. Ils ont aussi été en mesure de distinguer le parkinson d’autres maladies qui pourraient influencer les mouvements de l’utilisateur.

Les auteurs de l’étude admettent toutefois que d’autres expériences seront nécessaires pour vérifier la validité de leurs résultats.

La maladie de Parkinson commence à s’installer dans le cerveau du patient plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes, et elle est déjà passablement avancée quand on constate finalement que quelque chose cloche.

Il pourrait donc y avoir un avantage à la dépister le plus tôt possible pour essayer de limiter les dégâts… mais pas nécessairement dès aujourd’hui, prévient le professeur Louis-Éric Trudeau, un spécialiste de l’Université de Montréal.

«Pour l’instant, il n’y a pas de thérapie qui existe pour empêcher les neurones de mourir, a-t-il rappelé. Donc même si on dit à un patient qu’il a de bonnes chances d’avoir la maladie de Parkinson dans sept ans, ça ne va pas lui ouvrir la porte à des traitements qui pourraient corriger ça.»

Il se questionne donc sur la pertinence d’annoncer à un patient ce qui le guette dans quelques années, tout en lui admettant qu’on n’y peut rien pour le moment. L’information pourrait être très intéressante pour les assureurs, ajoute-t-il, mais peut-être un peu moins pour le patient.

M. Trudeau compare la situation aux sites qui proposent une analyse complète de notre profil génétique pour générer un rapport qui nous informera de notre risque de souffrir de telle maladie ou de tel problème de santé.

Le choix de savoir ou non doit entièrement appartenir au patient, a-t-il dit. Il y a des gens qui ne voudront tout simplement pas savoir. Et parmi ceux qui voudront savoir, on en trouvera qui seront mal équipés pour gérer la réponse et qui auront besoin d’un accompagnement.

L’utilisation des montres intelligentes comme outil de dépistage de la maladie de Parkinson serait plus pertinente dans un contexte de recherche, croit-il.

«Dans le cadre d’une étude clinique, on pourrait avoir une caractérisation de nos participants avec ce genre d’approche et on pourrait déjà prévoir de mieux suivre la progression de la maladie, a-t-il expliqué.

«Et dans nos sujets témoins, qui normalement ne sont pas affectés par la maladie, il y en a peut-être qui sont en train de (la développer). Ce sont toutes des informations qui sont vraiment importantes pour de la recherche clinique.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique Nature Medicine.