Les constructeurs d’habitations militent pour des prêts hypothécaires de 30 ans

OTTAWA — L’Association canadienne des constructeurs d’habitations (ACCH) souhaite qu’Ottawa offre une période d’amortissement de 30 ans pour les prêts hypothécaires assurés sur les nouvelles maisons.

L’ACCH affirme que prolonger la période de cinq ans supplémentaires contribuerait à l’abordabilité et stimulerait davantage la construction.

Cette décision attirerait plus d’acheteurs d’une première maison sur le marché, encourageant à son tour les promoteurs à construire davantage de maisons, a déclaré jeudi le président-directeur général de l’association, Kevin Lee, lors d’une conférence de presse.

«Les Canadiens adoreraient acheter une maison. Le problème est qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter une maison et n’ont pas accès à des prêts hypothécaires qui leur permettraient d’acheter une maison, a soutenu M. Lee. Et si nous n’avons pas de gens capables d’acheter, alors les constructeurs ne pourront pas construire ces maisons.»

Cette proposition est l’une des nombreuses recommandations formulées par l’association dans un nouveau rapport qui expose les moyens par lesquels les décideurs politiques pourraient aider l’industrie à construire davantage de logements.

L’expert en logement Mike Moffatt a dit aimer certaines des recommandations formulées par le groupe, notamment la mise en place d’un crédit d’impôt à l’investissement pour soutenir la croissance de la productivité dans le secteur.

Toutefois, proposer un prêt hypothécaire plus long risque de stimuler la demande sans s’attaquer aux problèmes fondamentaux à l’origine de la pénurie, a-t-il déclaré.

«Je ne pense pas que ce soit particulièrement nocif. Mais je ne pense pas non plus que ce soit particulièrement utile», a expliqué M. Moffatt dans une entrevue.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime que le pays devra construire 5,8 millions de logements d’ici 2030 pour rétablir l’abordabilité du logement.

La pénurie de logements au Canada s’est aggravée dans un contexte de forte croissance démographique, ce qui a exercé une pression accrue sur les gouvernements pour qu’ils s’attaquent à la crise de l’accessibilité financière.

Le gouvernement libéral fait l’objet d’une surveillance étroite en raison de l’érosion de l’abordabilité du logement, le chef conservateur Pierre Poilievre rejetant carrément la faute sur le premier ministre Justin Trudeau.

Le ministre du Logement, Sean Fraser, a reconnu que le Canada ne sera pas en mesure d’accélérer de manière significative la construction de logements sans innovation.

Le gouvernement fédéral espère augmenter la productivité et accélérer la construction grâce à la construction de maisons modulaires, c’est-à-dire, des logements construits en usine et assemblés sur le terrain.

L’automne dernier, M. Fraser a déclaré que le gouvernement fédéral lancerait un catalogue de modèles de maisons préapprouvés qui accélérerait le processus d’autorisation et encouragerait davantage de maisons construites en usine.

Environ un quart des constructeurs d’habitations ont recours à une forme de construction en usine, mais il reste encore beaucoup de place pour développer la technologie, a affirmé M. Lee.

L’association souhaite un crédit d’impôt remboursable égal à 30 % des investissements en machines et équipements, semblable au crédit d’impôt à l’investissement créé pour les technologies propres.

Une stratégie similaire à celle mise en œuvre par le gouvernement pour stimuler le développement de l’économie verte est logique, a indiqué M. Moffatt.

«Cela pourrait être extrêmement utile, car nous ne pourrons pas développer la construction d’habitations simplement en faisant davantage de la même chose.»

Le gouvernement fédéral travaille actuellement sur un plan de logement qui, selon M. Fraser, serait publié dans les mois à venir.

Ce plan devrait s’appuyer sur les politiques de logement déjà annoncées par les libéraux, notamment l’élimination des frais de TPS sur les nouveaux développements.