Les cas de réinfections par la COVID sont nombreux parmi les sans-abris

TORONTO — Le taux de réinfection par la COVID-19 est élevé parmi les sans-abris, exposant la santé de cette population déjà vulnérable à un risque accru, selon une étude publiée vendredi par le BMC Infectious Diseases.

Selon les données récoltées par les chercheurs, le taux de réinfection parmi les sans-abris est deux fois supérieur que celui de la population en général.

Cette situation est vraisemblablement attribuable à une exposition accrue au virus. «[Les sans-abris] doivent demeurer en groupe dans des centres populeux, des endroits propices à la transmission», mentionne l’autrice principale, Lucie Richard, du MAP Centre for Urban Health Solutions de l’hôpital St. Michael’s, à Toronto.

Ils souffrent aussi de certaines conditions de santé qui les rendent plus vulnérables à la maladie, encore plus que la population générale, ajoute-t-elle.

Les chercheurs ont suivi pendant un an 381 sans-abris de la région de Toronto qui avaient été infectés à la COVID-19. L’étude s’est déroulée de juin 2021 à octobre 2022. Elle a été lancée lorsque Delta était le variant dominant et s’est terminée au moment où le plus infectieux Omicron avait pris sa place.

Ils ont aussi utilisé des tests PCR et des tests antigéniques pour confirmer les cas de réinfection. Ils ont comparé les données au taux de réinfection au sein de la population en général.

Ils ont aussi étudié des échantillons sanguins prélevés parmi les participants de l’étude. Ces tests sérologiques ont permis de détecter encore plus de cas de réinfections que les tests PCR et antigéniques.

Cela confirme que les tests PCR ont sous-estimé le nombre d’infections, souligne Mme Richard. Celle-ci croit qu’un plus grand nombre de tests sérologiques aurait dû être réalisé afin d’avoir une lecture plus précise de la situation pendant le passage du variant Omicron et de ses sous-variants.

«Omicron est apparu et, soudainement, tout le monde a été réinfecté. Les gens qui n’avaient jamais été malades l’ont été pour la première fois», souligne Mme Richard.

Après l’examen des tests sanguins, les chercheurs ont découvert qu’environ le tiers des participants avait été réinfecté par la COVID-19 au moins une fois.

Des infections à répétition peuvent augmenter les risques à la santé, notamment la probabilité d’attraper la COVID longue, dit Mme Richard.

«Nous constatons cette tendance sur le terrain, constate le Dr Andrew Boozary, directeur général du Gattuso Centre for Social Medicine à l’University Health de Toronto. On peut tout faire pour éviter la COVID, mais si on est avec un grand nombre de personnes, la qualité de l’air est différente.»

Le Dr Boozary n’a pas participé à l’étude.

«Cette recherche est semblable aux autres études démontrant un taux de mortalité cinq fois plus élevé chez les sans-abris au cours de la pandémie comparativement à la population en général.»

Le Dr Brian Conway, président et directeur médical du Vancouver Infectious Diseases Centre, les résultats de l’étude seraient sans doute identiques dans d’autres grandes villes. Lui non plus n’était pas impliqué dans l’étude.

«C’est un signal d’alarme. Nous devons nous occuper de nos centres urbains et de nos sans-abris, ajoute-t-il. Ici, [à Vancouver], il y a plus de sans-abris. Il y a plus de gens vivant dans des centres d’hébergement où les conditions sont souvent inadéquates.»

Les deux médecins partagent les inquiétudes de la Dre Richard au sujet du risque accru d’attraper la COVID longue chez les sans-abris.

«Si on examine les perspectives d’être réinfecté ou d’attraper la COVID longue, on constate une plus grande disparité pour les sans-abris, avance le Dr Boozary. On sait que le taux de maladies chroniques est plus élevé pour les sans-abris. Si on ajoute la COVID longue, c’est vraiment dévastateur.»

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