Le Canada augmente la part de sa contribution au développement du chasseur F-35

Ottawa a effectué un versement de près de 100 millions $ US dans le cadre d’un accord renégocié qui devrait voir le Canada assumer dorénavant une plus grande part de la facture commune pour le développement du F-35.

Le versement de 99 millions $ US et l’accord renégocié interviennent même si le gouvernement libéral a déclaré que le Canada pourrait bien ne pas acheter ce chasseur furtif de Lockheed Martin. Pendant ce temps, des responsables américains soulèvent de nouvelles préoccupations concernant le coût et le développement de ce F-35.

Le gouvernement canadien a annoncé fin mars qu’il entamait des négociations avec les États-Unis et Lockheed Martin pour l’achat de 88 avions F-35, après un appel d’offres d’un an qui a vu le chasseur furtif émerger comme le meilleur concurrent.

Mais alors qu’Ottawa a indiqué qu’il espérait finaliser un contrat d’ici la fin de l’année, il a laissé la porte ouverte à l’achat du chasseur suédois Gripen, si les pourparlers avec les États-Unis et Lockheed Martin devaient s’enliser.

Le Canada est l’un des huit pays partenaires impliqués dans le développement du F-35. Sa plus récente contribution, de 99 millions $ US, signifie qu’Ottawa a jusqu’ici versé 712 millions $ US au programme depuis 1997. Cette contribution lui permet de demeurer à la table des joueurs avec les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas.

La porte-parole du ministère de la Défense nationale, Jessica Lamirande, a précisé que la mise à jour de l’accord prolonge l’entente que le Canada et d’autres partenaires ont signée en 2006, et qui les engage à partager entre eux le coût du développement du F-35.

Le nouvel accord reflète le désir du Canada d’acheter 88 nouveaux chasseurs F-35, plutôt que les 65 prévus, et tient compte du retrait de la Turquie de ce programme, a ajouté Mme Lamirande.

Mais l’accord renégocié et le nouveau versement du Canada interviennent aussi alors que le Bureau de la responsabilité du gouvernement, un peu l’équivalent du Vérificateur général du Canada pour le Congrès américain, a publié la semaine dernière un nouveau rapport signalant des problèmes avec le développement du F-35.

Des inquiétudes aux États-Unis

Le rapport soulève en particulier des inquiétudes concernant les retards dans la livraison d’un simulateur de vol qui pourrait tester correctement toutes les capacités et les lacunes du F-35. On souligne également des problèmes persistants pour fournir le bon logiciel au chasseur furtif.

Le développement de ce logiciel appelé «Block IV» continue de connaître «une croissance de coûts et des retards de calendrier», indique le rapport. «Les coûts (du logiciel) ont continué d’augmenter en 2021 en raison des coûts plus élevés associés à la mise à niveau du matériel crucial et aux mises à niveau des tests, entre autres.»

Pourtant, alors que le simulateur de vol et le «Bloc IV» ne devraient pas être livrés avant plusieurs années, le rapport note que les États-Unis continuent d’acheter des F-35 à un rythme sans précédent, ce qui entraîne une augmentation des risques et des coûts potentiels à long terme.

«Par exemple, cela signifie que plus d’avions devront être réparés plus tard si davantage de problèmes de performances sont identifiés, ce qui coûtera plus cher que si ces problèmes étaient résolus avant la production de ces avions», indique le rapport.

«En même temps que (le département américain de la Défense) achète des avions à une cadence accélérée, ceux qui sont déjà dans la flotte ne fonctionnent pas aussi bien que prévu.»

Même si la ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, a parlé de compétition «rigoureuse» pour obtenir le meilleur avion au moindre coût, avec le plus de retombées économiques, les responsables ont déclaré que la portée des pourparlers avec Lockheed Martin et le gouvernement américain serait très large.

Cela comprend le coût d’achat des nouveaux chasseurs et toutes les modifications requises pour le Canada, ainsi que le calendrier de livraison. Les responsables ont déclaré qu’ils espéraient que le premier chasseur arriverait d’ici 2025, et le dernier au début des années 2030.

La porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada, Michele LaRose, n’a pas répondu directement aux questions sur le contenu du rapport du Bureau de la responsabilité du gouvernement, mais a déclaré dans un courriel que Lockheed Martin devra prouver qu’il peut respecter son contrat avec le Canada, quel qu’il soit.

«Le soumissionnaire sélectionné devra démontrer avec succès que la conclusion de ses accords et arrangements proposés offrirait au Canada une optimisation des ressources, une flexibilité et une protection contre les risques, ainsi que des assurances de performance et de livraison», a-t-elle précisé.

«Comme ce processus d’approvisionnement concurrentiel est toujours en cours, des informations supplémentaires sur la proposition et les négociations du soumissionnaire ne peuvent pas être fournies pour le moment.»