L’ambassadeur indien défend les étudiants étrangers exploités ou floués au Canada

OTTAWA — L’ambassadeur de l’Inde à Ottawa affirme que les Canadiens doivent reconstruire l’image de leur pays en tant que destination pour les esprits brillants, déplorant qu’un certain nombre d’étudiants étrangers soient morts après avoir été exploités au pays.

Le haut-commissaire Sanjay Kumar Verma a soutenu dans une conférence au Conseil des relations internationales de Montréal (Corim) que l’exploitation des étudiants étrangers minait le rôle que jouent les étudiants indiens au Canada pour aider les deux pays à faire progresser leurs connaissances technologiques.

Le programme canadien d’étudiants étrangers a fait l’objet d’un examen minutieux récemment après une forte augmentation des visas au cours des dernières années, ce qui a conduit le gouvernement fédéral à imposer aux établissements d’enseignement un plafond d’admissions pour les deux prochaines années.

L’année dernière, il y avait plus d’un million d’étudiants étrangers au Canada, et l’Inde est la principale source de ces étudiants.

Mais M. Verma affirme qu’il existe de faux établissements d’enseignement qui ont «trompé» des familles indiennes, avec parfois des conséquences tragiques. Il affirme même que certains étudiants indiens sont morts après avoir été exploités, sans toutefois préciser s’il faisait référence à des décès par suicide.

Il a déclaré lors de la conférence du CORIM, mardi après-midi, que les enjeux sont énormes pour ces étudiants étrangers. 

«Plusieurs sont issus d’une famille pauvre; leurs parents sont prêts à vendre leur terre, leur ferme et leurs animaux pour qu’ils viennent ici. Et lorsqu’ils sont trompés par des établissements d’enseignement malhonnêtes, cela crée un véritable cataclysme en Inde», a déclaré le haut-commissaire Verma.

«À un moment donné, on envoyait [en Inde] un étudiant étranger indien tous les 10 jours dans une housse mortuaire. Et en tant qu’ambassadeur, vous pouvez imaginer ce que je ressentais alors.»

Les universités et collèges canadiens se sont tournés vers le recrutement d’étudiants étrangers pour combler le déficit de financement des gouvernements provinciaux. Mais ce fort recrutement se fait au détriment d’étudiants désespérés de venir au Canada, qui contractent souvent des emprunts ou dépendent fortement de leur famille pour payer leurs études.

La Presse Canadienne rapportait ainsi la semaine dernière qu’au Collège Conestoga, de Kitchener, en Ontario, plusieurs étudiants étrangers travaillent à temps plein pour joindre les deux bouts.

Pendant ce temps, les étudiants qui ne trouvent pas de travail s’inquiètent de leur situation financière; certains remettent même en question leur décision.

Un temple sikh de Surrey, en Colombie-Britannique, a rapporté plus tôt cette année qu’il était au courant de la mort de plus d’une trentaine d’étudiants indiens au Canada depuis 2021, la majorité à cause de surdoses de drogue.

Le haut-commissaire Verma a déclaré mardi qu’il avait encouragé les étudiants indiens qui vivent depuis un an ou deux au Canada à utiliser les médias sociaux pour expliquer les véritables défis auxquels ils sont confrontés et se concentrer sur la façon dont ils ont surmonté ces problèmes.

«Ces vidéos circulent sur divers réseaux sociaux (…) et de nombreux parents indiens en ont tiré des leçons», a-t-il déclaré.

M. Verma a ajouté que cette sensibilisation doit être effectuée dans plusieurs langues, car les parents «ont le pouvoir de décider si l’étudiant viendra au Canada» et ont besoin d’une idée réaliste de ce à quoi leur enfant sera confronté.

«La ‘marque Canada’ a une mauvaise réputation dans le domaine de l’éducation», a-t-il admis, affirmant que les Canadiens doivent restaurer la réputation de leur pays comme un bon endroit pour étudier.