La ministre Mary Ng critique l’attitude des conservateurs à propos de l’Ukraine

OTTAWA — La ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, visite les provinces des Prairies cette semaine pour s’entretenir avec des leaders communautaires et des chefs d’entreprises ukrainiens, alors que les libéraux accusent les conservateurs de tourner le dos à ce pays déchiré par la guerre.

Mary Ng fera escale à Edmonton, Saskatoon et Winnipeg – trois villes comptant une importante diaspora ukrainienne – pour mettre en valeur le travail du gouvernement libéral visant à moderniser son accord commercial avec l’Ukraine.

«Lorsque l’Ukraine gagnera la guerre, les entreprises canadiennes voudront participer à l’effort de reconstruction, et cet accord signifie que nos entreprises et nos exportateurs de toutes tailles disposeront d’un cadre pour le faire», a soutenu Mary Ng, dans un communiqué.

La tournée fait suite à une récente campagne publicitaire des libéraux parue dans les journaux de 18 circonscriptions conservatrices des Prairies, accusant les conservateurs d’abandonner l’Ukraine parce qu’ils ont voté contre un projet de loi visant à mettre en œuvre une nouvelle mouture de l’accord.

Alors que les conservateurs ont exprimé leur soutien à l’Ukraine à plusieurs reprises, le chef Pierre Poilievre s’est opposé au projet de loi en raison du libellé de l’accord commercial qui stipule que les deux pays favoriseront la tarification du carbone.

L’Ukraine a déjà mis en place un prix sur le carbone, et les responsables ont déclaré que rien dans l’accord ne les liait à cette politique.

«C’est décourageant de voir des politiciens conservateurs faire de la politique avec l’Ukraine, mais je peux vous assurer que notre gouvernement sera aux côtés de l’Ukraine chaque jour jusqu’à ce qu’elle gagne la guerre», a affirmé Mme Ng.

Les conservateurs n’ont pas répondu à une demande de commentaires.

L’ambassadeur d’Ukraine et le Congrès ukrainien canadien ont demandé à Pierre Poilievre d’accorder son soutien à la mise à jour de l’accord commercial, et les libéraux se sont emparés de la question depuis que les conservateurs ont voté pour la première fois contre le projet de loi en novembre.

En décembre, les députés conservateurs ont voté contre plus de 100 mesures de dépenses budgétaires lors d’un marathon de vote qui a retardé les travaux de la Chambre des communes. Ils ont qualifié ces oppositions de protestation contre la tarification du carbone. Les députés conservateurs se sont opposés à toutes sortes de dépenses gouvernementales au cours de la séance de vote qui a duré 30 heures.

Mais les libéraux ont pris soin de souligner que cela comprenait le financement de l’opération «Unifier», un programme des Forces armées canadiennes qui a formé plus de 39 000 militaires et membres du personnel de sécurité ukrainiens aux compétences militaires tactiques et avancées sur le champ de bataille.

Les publicités des journaux des Prairies ciblant les conservateurs associaient le parti à des politiciens d’extrême droite aux États-Unis.

Alors que le soutien envers l’Ukraine a toujours été fort aux États-Unis, le flux persistant de l’aide militaire et gouvernementale américaine fait de moins en moins l’unanimité auprès de certains législateurs républicains, ainsi que de certains Américains.

Les efforts de la ministre Mary Ng pour renforcer le message selon lequel les conservateurs sont à côté de la plaque surviennent alors que les conservateurs demeurent en avance sur les libéraux minoritaires dans les sondages.

Le premier ministre Justin Trudeau semble également en faire la remarque à son homologue ukrainien.

Le mois dernier, lorsque le premier ministre s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, il a réaffirmé la détermination du Canada à soutenir l’Ukraine avec une aide militaire, humanitaire et financière aussi longtemps qu’il faut, a indiqué son cabinet.

À la question si Justin Trudeau avait mentionné à son homologue la division du Parlement sur la mise à jour de l’accord commercial, le cabinet du premier ministre a fait référence à une entrevue publiée dans le journal «Toronto Star» cette semaine.

«Le fait que le Parlement canadien ne se range plus sans équivoque et unanimement aux côtés de l’Ukraine à cause des décisions prises par Pierre Poilievre — c’est quelque chose qui, je pense, inquiète les gens du monde entier», avait mentionné Justin Trudeau au journal.

Lorsque le «Toronto Star» lui a demandé si le président ukrainien en avait parlé, Justin Trudeau a répondu que celui-ci «en est certainement conscient».