La manifestation montréalaise pour le Jour de la Terre à Montréal dénonce l’inaction

MONTRÉAL — À la veille du Jour de la Terre, des Montréalais investis pour le climat ont marché dimanche sur l’avenue du Parc pour appeler à faire plus pour lutter contre le changement climatique.

À l’instar de la manifestation de 2019, qui avait réuni derrière Greta Thunberg quelques centaines de milliers de Québécois, c’est la jeune génération qui est l’instigatrice de la manifestation de dimanche.

Mais contrairement à 2019, la mobilisation était loin d’atteindre la même foule. Celle-ci ne s’étendait guère que du monument à George-Étienne Cartier jusqu’à l’intersection de l’avenue du Parc et de la rue Duluth, soit environ 300 mètres, une mobilisation qui se compte plus en centaines qu’en centaines de milliers.

Shirley Barnea fait partie, avec son groupe Pour le futur Montréal ainsi que l’association Attac Québec, des organisateurs de l’évènement. Elle reconnaît être un peu déçue de voir moins de personnes que les années précédentes, mais elle n’est pas étonnée pour autant. Elle estime que le découragement est vite arrivé quand on constate que le gouvernement «ne prend pas la crise climatique au sérieux» et prend plus les ressources naturelles comme un moyen de faire croître l’économie que comme quelque chose à préserver.

«Ce qu’ils font en ce moment, j’appellerais ça plus de l’écoblanchiment, parce qu’ils proposent des solutions de transition énergétique, mais on continue dans le même modèle de destruction de la nature, d’essayer de profiter des ressources naturelles pour faire croître l’économie à tout prix», s’insurge l’organisatrice.

Néanmoins, la militante de 19 ans ne se laisse pas gagner pas le scepticisme et continue de croire à la cause. Ce qu’elle voit dans la petite foule du jour, ce n’est pas tant une baisse de la mobilisation qu’une transformation de la lutte en quelque chose de moins bruyant et plus concret. L’engagement se fait, selon elle différemment, avec une implication sur le terrain dans des projets spécifiques, dans des syndicats pour «faire changer les choses de l’intérieur».

Elle espère que le gouvernement provincial, tout comme le fédéral, entendra le cri de colère des citoyens venus marcher avec elle et fera passer la lutte contre le changement climatique en tête de ses priorités.

Jeunes et moins jeunes, amis, familles, ont donc battu le pavé dans les rues montréalaises en brandissant des pancartes dénonçant l’inaction politique, les demi-mesures et l’écoblanchiment. «Faites partie de la solution, pas du problème»,  «la planète n’est pas à vendre», «vous mourrez de vieillesse, mais nous, nous n’aurons pas cette chance», pouvait-on lire sur certaines pancartes, au fil de la manifestation.

Certains sont même très remontés par rapport au manque d’engagement pour lutter contre la crise climatique. Martine Drapeau, qui est venue avec son conjoint et ses enfants, fait partie de ceux-là. Elle ne comprend pas que plus de monde ne soit présent au rendez-vous.

Elle particulièrement en colère quand elle constate que des gens peuvent «détourner le regard» et «se complaire dans le confort», dans le fait de baisser les bras en prenant le prétextant que si les autres n’en font pas plus, pourquoi devraient-ils en faire plus? «La responsabilité est partagée», martèle-t-elle, rappelant que même si c’est au gouvernement de légiférer, «on est en première ligne aussi: on achète, on vote.»

Elle avoue qu’elle croit de plus en plus que c’est une cause perdue, mais continue de lutter. Avec sa famille, elle a fait beaucoup d’efforts, notamment composter, limiter sa consommation. Ils ont même cessé de manger de la viande depuis cinq ans, ne possèdent pas de voiture et ne prennent pas l’avion. «Dans ta moindre mesure, ce que tu es capable de faire, il faut le faire», insiste la mère de famille, pour que la masse «mette la pression sur les dirigeants».

«On est capable d’être le pays le plus vert au monde»

Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, et la responsable solidaire en matière d’Environnement, Alejandra Zaga-Mendez, ont profité de l’occasion pour organiser une mêlée de presse juste avant le début de la manifestation.

Les deux députés ont mis l’accent sur le besoin de réinvestir massivement dans les transports en commun à travers la province et de proposer aux Québécois des alternatives viables aux activités et comportements fortement émetteurs de gaz à effet de serre. 

«C’est inacceptable qu’en 2024, on ne soit pas en train de développer du transport collectif sur l’ensemble du territoire québécois, s’est exclamé Gabriel Nadeau-Dubois. Les Québécois, les Québécoises, ils veulent faire leur part pour lutter contre le changement climatique. Ils veulent changer leurs habitudes, notamment en matière de transport, mais ils ne peuvent pas le faire si on ne leur offre pas d’alternative de mobilité.»

En réaction à la baisse visible de la mobilisation, M. Nadeau-Dubois a concédé que la pression financière ressentie par les Québécois avec l’inflation fait changer les priorités des gens. Il a donc voulu lancer un message d’espoir à la population.

 «Au Québec, il n’y a pas de mouvement climato-sceptique, organisé et fort comme aux États-Unis, par exemple. Il y a une belle unité des Québécois, des Québécoises derrière la question environnementale. On aime notre territoire, on aime notre hiver et c’est tout ça qui est menacé par les changements climatiques. Donc moi, j’ai envie de dire, on est capable d’être le pays le plus vert au monde. Ce qui nous manque, c’est des gouvernements qui sont vraiment à la hauteur de cette ambition.»

Le porte-parole solidaire a affirmé que le Québec devrait être un leader mondial en matière de lutte aux changements climatiques et n’a pas mâché ses mots vis-à-vis du gouvernement de la Coalition Avenir Québec pointant que les coupes budgétaires opérées par la CAQ dans le transport en commun envoyaient un message «très démobilisant» à la population.

Une manifestation devait aussi se dérouler à Québec.