La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, ne sollicitera pas de nouveau mandat

MONTRÉAL — La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, a annoncé vendredi qu’elle ne sollicitera pas de nouveau mandat aux élections municipales de 2025, accusant au passage le gouvernement québécois de ne pas écouter les élus municipaux et de les laisser seuls avec leurs enjeux.

Lors d’un point de presse tenu vendredi matin, Mme Beaudin a expliqué qu’elle terminera son mandat actuel de mairesse, mais qu’elle ne se voit pas s’engager «pour un autre quatre ans».

Elle a reconnu qu’«être un élu en 2024 n’a pas tellement la cote», en raison du climat d’intimidation et d’agressivité qui fait partie du travail des politiciens, mais elle a affirmé que c’est surtout le manque de soutien de la part de Québec pour aider les élus municipaux à naviguer dans ce contexte qui la désole.

«Le municipal est en première ligne de tous les enjeux sociaux. Malgré cela, le gouvernement ne nous écoute pas, il nous laisse se dépêtrer seuls avec nos enjeux, et ce, même si on sert les mêmes citoyens et citoyennes», a déploré la mairesse.

«J’émets donc le souhait que cette décision de ma part contribue à une certaine réflexion sur la démocratie locale. Les nombreux arrêts de travail, les démissions massives et les décisions invisibles de celles et ceux qui ne sollicitent pas de deuxième mandat devraient nous pousser à une action large et concertée pour un meilleur soutien des leaders locaux de toutes les régions du Québec.»

Elle a ajouté qu’à son avis, les élus municipaux n’ont pas en main les outils pour «véritablement accomplir de grandes choses».

Questionné à savoir si le gouvernement du Québec en fait assez pour appuyer les villes et leurs élus, le premier ministre François Legault a répondu qu’au volet monétaire, depuis cinq ans, «les revenus du gouvernement du Québec ont augmenté de 21 %, mais les transferts aux municipalités ont augmenté de 31 %».

«Je comprends que les municipalités souhaiteraient qu’on en fasse plus, mais il faut que tout le monde fasse des efforts», a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse en marge d’une annonce à L’Assomption.

Même si elle terminera son mandat de mairesse, Mme Beaudin quitte dès maintenant son rôle de cheffe du parti Sherbrooke Citoyen. Une course à la chefferie sera mise en place pour trouver la personne qui prendra la relève.

Des mois mouvementés

Mme Beaudin a mentionné que lorsqu’elle quittera la mairie, en novembre 2025, elle le fera avec le sentiment d’avoir fait progresser Sherbrooke. Elle espère que le travail qu’elle aura fait au cours de son mandat permettra à la personne qui lui succédera de profiter d’un environnement «moins difficile».

«Je pense que Sherbrooke a besoin d’un profil différent, d’un nouveau maire ou d’une nouvelle mairesse qui aura des talents différents des miens pour pouvoir répondre aux besoins qu’aura la ville à ce moment-là», a-t-elle avancé.

Celle qui est devenue en 2021 la première femme à être élue mairesse de Sherbrooke s’était retirée temporairement de ses fonctions en octobre selon la recommandation de son médecin. Elle avait alors expliqué vouloir éviter «un état d’épuisement qui serait trop important et trop difficile à surmonter».

Elle a finalement repris le travail en janvier, d’abord de façon progressive.

Mais les dernières semaines ont été mouvementées dans la vie politique sherbrookoise. La présidente du conseil municipal, Danielle Berthold, a notamment quitté son siège au conseil exécutif, avant d’être démise de son rôle de présidente du conseil municipal.

Mme Berthold avait accusé Mme Beaudin de l’avoir menacée en raison de son opposition au projet de taxe sur les piscines.

Au cours de l’hiver, le conseil municipal a également amorcé un processus de médiation, dont l’objectif était d’apaiser les tensions entre les élus.

Malgré ces discordes, Mme Beaudin estime que cela démontre qu’il se fait «véritablement de la politique» à Sherbrooke, «au sens noble du terme».

«Les idées se confrontent, les prises de position se font publiquement, les différents points de vue sont défendus. Il y a des programmes politiques et beaucoup de contenu. Les élus ne se laissent pas porter par le cours des choses, ils décident du cours des choses», a-t-elle souligné.

Le nom de Mme Beaudin s’ajoutera donc à la liste des femmes qui ont quitté la vie politique municipale dans les derniers mois, qui comprend notamment ceux de l’ex-mairesse de Gatineau, France Bélisle, et de l’ex-mairesse de Chapais, Isabelle Lessard.

Économiste de formation, Évelyne Beaudin a été élue conseillère municipale à Sherbrooke en 2017.

Lors des élections suivantes, en 2021, elle a défait le maire sortant, Steve Lussier, mais aussi un «candidat-vedette», l’ex-ministre libéral provincial Luc Fortin, pour être élue à la mairie.