La crise du logement serait la première cause de stress des patients en psychiatrie

MONTRÉAL — La crise du logement a des répercussions sévères sur la santé mentale des locataires, disent des organismes qui appellent François Legault à agir.

Elle est devenue la première cause de stress des patients en psychiatrie au Québec, selon le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale au Québec (RRASMQ). 

C’est ce qu’a indiqué dimanche l’organisme lors d’une conférence de presse à Montréal tenue en partenariat avec le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ). 

Les deux groupes ont présenté une lettre ouverte qui s’adresse directement à François Legault et qui sera publiée dans les médias, mardi.  

En son sein, plus de 300 organismes spécialisés en logement ou en santé mentale implorent le premier ministre du Québec, François Legault, de prendre des mesures concrètes pour résorber la crise du logement, qui cause beaucoup de détresse. 

«Malheureusement, avec les orientations actuelles du gouvernement actuel du Québec, on n’a pas de lueur d’espoir au niveau de l’amélioration de cette situation-là». a dit Cédric Dussault, porte-parole et co-coordonnateur au RCLALQ. 

Il remarque «de plus en plus de désespoir chez les locataires qui contactent les comités logements et les associations de locataires». 

D’après lui, l’augmentation des problèmes de santé mentale est une conséquence de la crise du logement.

«On s’adresse directement au premier ministre pour lui rappeler qu’il a une responsabilité envers les locataires du Québec. Les locataires représentent plus de 40 % de la population que le premier ministre doit desservir», poursuit M. Dussault.

Les loyers élevés, les évictions et les logements insalubres peuvent causer de l’anxiété, des dépressions, de l’insomnie, et même des pensées suicidaires, informent le RCLALQ et le RRSAMQ. 

Le RRASMQ a sondé 35 organismes ressources présents sur le terrain pour en arriver à ces conclusions. 

Martin Blanchard, co-coordonnateur au RCLALQ, stipule qu’il est très difficile pour les locataires d’obtenir de l’aide du Tribunal administratif du logement lorsqu’ils font face à une éviction.

«La majeure partie des appels téléphoniques que les locataires font au Tribunal administratif du logement sont raccrochés avant même qu’on puisse parler à un être humain. Il y a un robot qui vous dit « toutes les lignes sont occupées » et ensuite on raccroche sans même prendre le temps de laisser un message», déplore M. Blanchard.

Ces locataires peuvent finir complètement désemparés. «Imaginez la situation où quelqu’un rentre chez vous et dit « tu t’en vas! »», déclare-t-il.

«Imaginez ce que ça crée comme pression sur la santé mentale des gens».

Peter Belland, le président du RRASMQ, vit cette situation. Il est menacé d’éviction depuis 2018. L’artiste, qui souffre de dépression, doit recourir aux banques alimentaires, alors que 80 % de ses revenus vont dans le paiement de son loyer. 

«Ce stress-là me pèse énormément. Je ne peux plus avancer dans mon travail. Mon appartement devient un désordre. Mes ateliers sont impraticables», confie-t-il.

Le travailleur autonome, qui habite à Cowansville, déplore l’inabordabilité des logements. «un propriétaire veut me mettre à la rue parce qu’il aimerait avoir droit à cet argent, ce qui maintenant semble normal».

S’il déménage, il devra payer un loyer à peu près cinq fois plus cher qu’actuellement. 

Des demandes concrètes

Les signataires de la lettre demandent la tenue d’un moratoire qui porterait sur les évictions pour changement d’affection, agrandissement et subdivision de logement, dans le but de faire diminuer la spéculation. 

Ils souhaitent aussi que toutes les reprises de logement et les évictions passent par le Tribunal administratif du logement, qui pourrait ainsi assurer un contrôle et un suivi

Finalement, les organismes veulent un registre des loyers public, un plafonnement des hausses de loyers et un programme gouvernemental de logement social.