La Couronne présente des photos de scène de crime au procès de Grenon au Saguenay

MONTRÉAL — Des photos de scène de crime présentées mercredi au procès pour le meurtre de Guylaine Potvin il y a près de 24 ans, au Saguenay, donnent un aperçu de la vie de l’étudiante de 19 ans à l’époque.

Les témoignages et les preuves photographiques déposées au tribunal ont permis de dresser un portrait de Guylaine Potvin comme une étudiante consciencieuse, une jeune femme qui aimait parler et regarder des émissions de télévision sur le mariage, et une amie protectrice comme une mère, malgré son jeune âge.

Guylaine Potvin a été retrouvée morte le 28 avril 2000 dans l’appartement au sous-sol où elle vivait à Jonquière, aujourd’hui un arrondissement de Saguenay. 

Plus de 20 ans plus tard, en 2022, Marc-André Grenon, de Granby, a été arrêté et accusé de meurtre au premier degré et d’agression sexuelle grave. Il a été retracé après tout ce temps lorsque la police a eu recours au nouveau «projet PatronYme», mené par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec. Ce projet compare l’ADN aux noms de famille masculins. 

Or, l’ADN recueilli sur deux pailles que Grenon avait jetées correspondait aux preuves trouvées en 2000 sur la scène du crime.

Grenon a plaidé non coupable des accusations portées contre lui.

Mercredi, au troisième jour du procès, les jurés ont notamment entendu le témoignage d’un technicien en scène de crime à la retraite de la Sûreté du Québec qui avait été appelé à l’appartement de la victime après la découverte du corps.

Le juge François Huot, de la Cour supérieure, qui préside le procès devant jury, au palais de justice de Chicoutimi, a ordonné la fermeture du lien vidéo pour les segments du témoignage d’André Lecomte qui comprenait sa présentation de photos du corps de la victime.

Ceux qui n’étaient pas présents dans la salle d’audience n’ont vu que les photos qui donnaient un petit aperçu de la vie de Guylaine Potvin dans l’appartement qu’elle partageait au sous-sol avec ses colocataires. On y voit sur le plancher de sa chambre un gros ours en peluche blanc portant un nœud papillon, sur un divan son sac d’école, un ordinateur et une radio dans sa chambre. 

Les jurés ont aussi vu la photo d’une lettre que la victime avait écrite à sa colocataire, lui souhaitant de passer une bonne fin de semaine et l’encourageant à prendre soin d’elle.

«Protectrice comme une mère»

Un témoin précédent avait décrit Mme Potvin comme une étudiante consciencieuse et une jeune femme très protectrice pour ses amis. Audrey St-Pierre a déclaré mardi au procès qu’elle et son amie Guylaine avaient passé la soirée ensemble la veille, mais qu’elles avaient terminé plus tôt pour s’assurer qu’elles étaient prêtes à présenter le lendemain un important projet scolaire. 

Mme St-Pierre a déclaré que son amie Guylaine et elle passaient la plupart de leur temps ensemble à regarder des émissions de télévision sur le mariage, à travailler à l’école et à discuter ensemble pendant des heures. 

Elle a déclaré au tribunal qu’elle avait appelé en plaisantant son amie «Maman Guylaine» parce qu’elle était «super protectrice». Avant de se laisser ce soir-là, Guylaine Potvin a dit à son amie de faire attention pendant qu’elle rentrait chez elle à pied, la nuit tombée.

Mme St-Pierre a raconté au tribunal qu’elle avait appelé son amie tôt le lendemain matin et qu’elle s’était inquiétée lorsqu’elle n’avait pas eu de réponse, car «ça ne lui ressemblait pas». Elle s’est alors rendue à pied à l’appartement de son amie, où elle l’a trouvée allongée sur le ventre, dans son lit, le visage et les lèvres bleus.

Plus tard mercredi, l’ex-policier Lecomte a déclaré au procureur Pierre-Alexandre Bernard que les objets recueillis en preuve dans la chambre de la victime comprenaient une boîte de préservatifs trouvée au pied du lit, avec une tache de ce qui semblait être du sang, et une ceinture en cuir marron, la boucle cassée. Les deux objets ont été envoyés au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec pour des tests d’ADN, a-t-il précisé.

Le technicien en scène de crime a déclaré que la chambre de la victime avait l’air en désordre, les choses étant bouleversées dans la pièce.