Fin de l’occupation des bureaux de la ministre Freeland par Greenpeace

MONTRÉAL — Des militants de Greenpeace auraient occupé pendant près de deux heures les bureaux de la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, sur la rue Bloor à Toronto jeudi.

Les militants réclamaient que le système financier du pays soit aligné sur les cibles climatiques.

Vers 13h, une militante de Greenpeace a indiqué à La Presse Canadienne que le Service de police de Toronto avait mis fin à la manifestation et que des activistes avaient été menottés et escortés en dehors des bureaux de Chrystia Freeland.

En début d’après-midi, les policiers n’étaient pas en mesure de confirmer cette information, ni si des accusations seront portées contre les militants.

Plus tôt, Greenpeace Canada a expliqué, dans un communiqué, avoir «pris la décision extraordinaire» d’occuper le bureau de circonscription, car «lorsqu’il s’agit d’action climatique, il est trop tard».

Pendant la brève occupation, La Presse Canadienne s’est entretenue avec Patrick Bonin, le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace, qui faisait partie des militants qui participaient à cette manifestation.

«La ministre des Finances est responsable de la rédaction du budget, elle est en consultation actuellement sur ce qu’il va y avoir dans le budget et là on ne veut plus que le gouvernement fédéral recule par rapport à la lutte climatique», a indiqué le militant.

«On veut qu’elle réglemente les banques qui actuellement continuent de financer à coups de dizaines de milliards de dollars les énergies fossiles et d’alimenter la crise climatique au lieu que cet argent-là aille dans les solutions», a dénoncé Patrick Bonin.

«On est prêt à rester toute la journée, voire toute la nuit même. Des gens sont prêts à se faire arrêter s’il le faut», a ajouté le militant.

Selon Greenpeace, huit militants occupaient le bureau de la ministre depuis environ 11h jeudi.

Réglementer les banques

Cinq banques canadiennes se retrouvent parmi les 15 plus grands bailleurs de fonds de l’industrie fossile dans le monde pour l’année 2022, selon les données de la dernière étude de Banking on Climate Chaos, un consortium de groupes écologistes.

Au printemps dernier, des députés des principaux partis fédéraux, à l’exception du Parti conservateur, avaient fait front commun en donnant leur appui au projet de loi S-243 de la sénatrice Rosa Galvez, qui fait actuellement l’objet d’un examen en comité.

Ce projet de loi imposerait notamment à ces institutions bancaires l’obligation d’élaborer des plans d’action contre les changements climatiques, d’avoir des cibles d’émissions de gaz à effet de serre et de soumettre des rapports d’étape pour lutter contre la crise climatique.

«Ce projet de loi qui existe, celui de Mme Galvez, le gouvernement pourrait le reprendre essentiellement et faire un copier-coller et arriver avec son propre projet de loi et le faire passer rapidement», a indiqué Patrick Bonin.

Les militants de Greepeance ont affirmé, en matinée, qu’ils comptaient laisser dans le bureau de la ministre «des lectures recommandées», notamment un exemplaire du projet de Loi sur la finance alignée sur le climat de la sénatrice Rosa Galvez ou le livre de John Vaillant, «Fire Weather».

Dans un communiqué, ils ont affirmé avoir décoré le bureau de la ministre avec «des images poignantes de catastrophes climatiques», telles que «des incendies de forêt de l’été dernier, avec un ciel noirci par les cendres, des inondations et des familles fuyant la dévastation».

Dans le même communiqué, ils ont indiqué que «la récente révision à la baisse de la proposition de plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier et du système de tarification du carbone, ainsi que les retards dans la mise en oeuvre des réglementations sur l’électricité propre et les véhicules zéro émission, promises depuis longtemps», sont «autant de facteurs préoccupants».

Le chef du Bloc trouve ça «un peu inquiétant»

Lors d’un point de presse à la Chambre des communes, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a réagi à l’occupation du bureau de la ministre par les militants.

«La liberté d’expression se nourrit de l’attention qu’elle réussit à obtenir (…) que ce soit en garrochant de la peinture sur une œuvre, en occupant un bureau, en empêchant les voitures de rentrer dans le stationnement du parlement, bref, en étant nuisible plutôt qu’utile. Du bord de la clôture où moi je suis, c’est sûr que je trouve ça un peu dérangeant, puis un peu inquiétant», a-t-il indiqué.