Des groupes veulent que l’on interdise les accusations d’aliénation parentale

MONTRÉAL — Des organismes demandent au gouvernement du Québec de légiférer pour interdire les accusations d’aliénation parentale.

Au cours d’une rencontre avec la presse, mercredi à Montréal, Juripop, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et l’Association nationale femmes et droit ont plaidé en ce sens.

Ces groupes qualifient le concept d’aliénation parentale de «pseudo concept» et de «concept non scientifique» et veulent que son invocation soit interdite, non seulement dans les cas de violence conjugale, mais dans toutes les causes traitant de garde d’enfant.

«De nombreux ex-conjoints désireux de détourner l’attention de leur violence exercée au sein de la famille n’hésitent pas à brandir ce concept et à l’instrumentaliser à leurs fins, avec succès», déplorent ces groupes.

Par exemple, si un enfant a été témoin de gestes violents du père à l’endroit de la mère et qu’il ne veut plus voir son père, après la séparation du couple, le père dira que l’enfant a été victime d’aliénation parentale, que c’est la mère qui lui a mis ça dans la tête.

Suzanne Zaccour, directrice des affaires juridiques à l’Association nationale Femmes et droit, estime que le concept d’aliénation parentale est «une tactique pour réduire les victimes de violence au silence et détourner l’attention de la violence» qu’elles ont subie.

Ces groupes demandent aussi plus de formation continue sur la violence conjugale pour les acteurs du milieu, incluant les intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

«Le crédit porté à ce pseudo-concept par les tribunaux et par le personnel de la DPJ a des conséquences désastreuses: négation de la parole et de la volonté de l’enfant, impossibilité pour les mères de protéger leurs enfants de la violence conjugale, y compris la violence post-séparation, et non-reconnaissance des violences subies et des craintes exprimées par les femmes», a ajouté Mme Zaccour.

La formation devrait aborder des concepts comme la violence post-séparation et le contrôle coercitif, insistent-ils.

Ces organismes souhaitent également de nouveaux mécanismes, dans le système de justice, pour que l’on écoute la voix des enfants et que l’on respecte leur volonté.