Canada: distribution d’électricité désormais plus à risque à cause de la météo

CALGARY — L’organisme Électricité Canada, qui regroupe notamment des entreprises d’électricité et d’autres qui fournissent des produits et des services au secteur de l’électricité, estime que les systèmes électriques de l’ensemble de l’Amérique du Nord risquent de plus en plus d’être surchargés lorsque sévissent des conditions météorologiques extrêmes.

Francis Bradley, PDG d’Électricité Canada, a observé qu’au cours des deux dernières années, de nouveaux pics ont été atteints en termes de demande d’électricité. Il y a eu le cas de l’Alberta au cours des derniers jours, celui de l’Ontario l’été dernier et celui du Québec lors de l’hiver 2022-2023.

Au sud de la frontière, les réseaux électriques ont été mis à rude épreuve ces dernières années. Les tempêtes hivernales ont entraîné des pannes d’électricité au Texas en 2021 et des vagues de chaleur torrides ont contraint la Californie à déclarer des alertes d’urgence répétées sur le réseau.

En fin de semaine dernière, en Alberta, une alerte d’urgence a été émise par le gouvernement provincial afin que la consommation d’électricité soit réduite sans délai afin d’éviter d’éventuelles pannes d’électricité alors que les températures étaient près de 40 degrés Celsius sous zéro. L’opérateur Alberta Electric System a noté que la consommation d’électricité avait chuté de manière significative quelques minutes après l’émission de l’alerte.

Cependant, les données de l’opérateur montrent que les alertes pendant les vagues de chaleur et les épisodes de froid sont de plus en plus fréquentes en Alberta. L’exploitant du système électrique n’a émis que quatre alertes provinciales sur le réseau au cours de la période de quatre ans entre 2017 et 2020, mais en a transmis 17 supplémentaires depuis 2021.

Francis Bradley affirme que toutes les juridictions sont confrontées à une demande croissante d’électricité, stimulée en partie par la demande accrue de véhicules électriques et d’autres innovations en matière d’énergie propre, et qu’aucune province n’a de solution parfaite.

«L’Ontario, par exemple, a eu des inquiétudes et a demandé à ses clients de réduire leur consommation lors de vagues de chaleur dans le passé», a-t-il relaté.

Un rapport publié en novembre par la North American Electric Reliability Corporation (NERC) a prévenu qu’une grande partie de l’Amérique du Nord courait cet hiver un risque élevé de disposer d’un approvisionnement en énergie insuffisant pour répondre à la demande dans des conditions d’exploitation extrêmes. Bien qu’en général, les juridictions américaines soient plus vulnérables aux interruptions potentielles parce qu’elles sont moins préparées au temps froid, le rapport a signalé également que certaines parties du Canada étaient à risque.

La Saskatchewan, par exemple, est considérée comme présentant un risque élevé de pénurie d’électricité cet hiver en raison de l’augmentation prévue de la demande, du retrait d’une centrale électrique alimentée au gaz naturel et de l’entretien planifié des générateurs.

Les provinces des Maritimes et même le Québec qui est un grand producteur d’électricité, sont considérés comme présentant un risque élevé dans le rapport.

Mark Olson, responsable des évaluations de fiabilité au NERC, signale que la prévision de la demande d’électricité est devenue difficile à établir à mesure que les conditions météorologiques extrêmes s’intensifient. Il précise qu’il est difficile pour les exploitants de réseaux électriques de prévoir ou de planifier des événements climatiques qui s’écartent totalement de la normale.

Rob Thornton, président-directeur général de l’International District Energy Association, a déclaré que les alertes de réseau sont inquiétantes pour la population, mais a ajouté qu’il est important de comprendre que le risque d’une panne catastrophique du réseau reste exceptionnellement faible. À son avis, le réseau en Amérique du Nord est vraiment fiable.

Il pense tout de même que des événements comme ceux survenus en Alberta le week-end dernier montrent l’importance d’élaborer des politiques qui garantiront un système électrique résilient et fiable jusqu’en 2050 et au-delà. Cela impliquera de trouver le juste équilibre entre les sources d’électricité réparties et intermittentes, d’investir dans une capacité supplémentaire pour répondre à la demande croissante, de construire davantage de connexions entre les juridictions et bien plus encore.

Hydro-Québec, Hydro One en Ontario et Énergie Nouveau-Brunswick font partie de la liste des membres d’Électricité Canada.