Un juge de district rejette une action forçant les É.-U. à faire pression sur Israël

OAKLAND, Calif. — Un juge de la Californie a rejeté mercredi une action en justice visant à forcer l’administration Biden à faire tout ce qui était en son pouvoir pour obliger Israël à cesser de bombarder la bande de Gaza.

Le juge de district américain Jeffrey White a tranché qu’il n’avait pas compétence en la matière, mais il a néanmoins sévèrement critiqué l’administration et déclaré que les actions d’Israël pourraient constituer un génocide.

Le juge White a entendu vendredi dernier un témoignage devant un tribunal fédéral d’Oakland dans le cadre du procès inhabituel intenté en novembre au nom d’organisations palestiniennes de défense des droits humains et de personnes dont les membres de la famille font partie des plus de 26 000 personnes tuées par les forces israéliennes, à la suite de l’attaque du 7 octobre perpétré par le Hamas.

La plainte visait à obtenir une ordonnance exigeant que le président Joe Biden, le secrétaire d’État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin «adhèrent à leur devoir de prévenir, et non de favoriser, le déroulement du génocide du peuple palestinien à Gaza».

Le juge Jeffrey White a refusé d’émettre une injonction préliminaire et a rejeté l’affaire. Mais il a critiqué l’administration en écrivant : «Il existe de rares cas dans lesquels l’issue privilégiée est inaccessible à la Cour. C’est l’un de ces cas.»

Il a reconnu l’argument des plaignants selon lequel «il est plausible que la conduite d’Israël soit équivalente à un génocide», et a imploré la Maison-Blanche «d’examiner les résultats de leur soutien indéfectible au siège militaire contre les Palestiniens à Gaza».

Le procès demandait au tribunal de déclarer que les accusés avaient violé leurs obligations de prévenir le génocide et qu’ils ne pouvaient pas être complices du génocide. 

Une aide immédiate était demandée, notamment pour ordonner au président et à d’autres responsables américains d’exercer leur influence sur Israël pour faire cesser les bombardements, lever le siège à Gaza et arrêter de fournir ou de faciliter la vente d’armes à Israël.

On demandait au tribunal d’ordonner aux dirigeants de cesser de faire obstacle aux tentatives de la communauté internationale d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza. Les États-Unis ont opposé leur veto en décembre à une résolution des Nations Unies appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Parmi les plaignants figuraient Defense for Children International, basé à Ramallah, en Cisjordanie, et des Palestiniens à Gaza et aux États-Unis, dont Waeil Elbhassi, un citoyen américain d’origine palestinienne qui vit à San Ramon, à environ 48 kilomètres d’Oakland.

L’audience de la semaine dernière a eu lieu le même jour où la plus haute cour des Nations Unies a réprimandé la conduite d’Israël en temps de guerre et a ordonné à son gouvernement de faire tout son possible pour empêcher la mort, la destruction et tout acte de génocide, sans toutefois ordonner la fin de l’offensive militaire.

Le procès a toutefois attiré à nouveau l’attention sur les milliers d’Américains palestiniens et d’autres militants qui appellent à un cessez-le-feu. Ils sont descendus à plusieurs reprises dans la rue pour demander aux États-Unis de cesser de fournir des armes à Israël et ont exigé que les gouvernements locaux des villes et des comtés adoptent des résolutions de cessez-le-feu, malgré le peu d’influence des responsables américains locaux sur la politique étrangère.

Après avoir écouté des heures de témoignage vendredi, le juge White a qualifié la question dont il était saisi de «décision judiciaire la plus difficile que j’ai jamais prise», selon le journal «San Francisco Chronicle».

La plaignante Laila El-Haddad, une journaliste du Maryland, a déclaré qu’elle avait perdu près de 90 membres de sa famille élargie à cause des attaques israéliennes, a rapporté le journal.

Le Dr Omar Al-Najjar, également plaignant, a déclaré qu’il travaille dans un hôpital de la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, où plus de 2000 nouveaux patients par jour ont besoin de soins pour des blessures ou des maladies graves, mais il y a peu ou pas de médicaments, selon les informations du journal.

Les autorités israéliennes affirment que l’attaque du Hamas du 7 octobre a fait environ 1200 morts et 250 otages.