Neuf soldats israéliens ont été tués dans une embuscade à Gaza

RAFAH, Palestine — Des militants palestiniens ont tendu une embuscade aux troupes israéliennes dans un quartier dense de la ville de Gaza, tuant au moins neuf d’entre eux, a annoncé l’armée mercredi, alors que le Hamas opposait une forte résistance dans les zones isolées et pilonnées par Israël depuis plus de deux mois.

La guerre aérienne et terrestre a tué des milliers de civils palestiniens et poussé près de 85 % des habitants de Gaza à quitter leurs foyers, suscitant l’indignation internationale. Les États-Unis ont appelé à plusieurs reprises Israël à prendre des mesures plus strictes pour épargner les civils, même s’ils ont bloqué les appels internationaux en faveur d’un cessez-le-feu et apporté une aide militaire précipitée à leur proche allié.

Plus de six semaines après que les soldats israéliens eurent envahi le nord de Gaza à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre, les troupes terrestres sont toujours engagées dans de violents combats avec les combattants palestiniens dans et autour de la ville de Gaza. Les affrontements ont fait rage dans la nuit et jusqu’à mercredi dans plusieurs régions, avec des combats particulièrement intenses à Shijaiyah, un quartier dense qui avait été le théâtre d’une bataille majeure lors de la guerre de 2014 entre Israël et le Hamas.

«C’est terrifiant. Nous ne pouvions pas dormir, a relaté par téléphone Mustafa Abu Taha, un ouvrier agricole palestinien qui vit dans le quartier. La situation empire et nous n’avons pas d’endroit sûr où aller.»

Les troupes qui fouillaient mardi un ensemble de bâtiments à Shijaiyah ont perdu la communication avec quatre soldats qui avaient essuyé des tirs, a indiqué l’armée. Lorsque les autres soldats ont lancé une opération de sauvetage, ils ont été pris dans une embuscade tendue par des tirs nourris et des explosifs.

Parmi les neuf morts figuraient le colonel Itzhak Ben Basat, âgé de 44 ans, l’officier le plus haut gradé tué lors de l’opération terrestre, et le lieutenant-colonel Tomer Grinberg, commandant de bataillon.

Situation «catastrophique» au sud

Pendant ce temps, de fortes pluies ont submergé pendant la nuit des camps de tentes dans le sud de Gaza, où Israël a demandé à la population de chercher refuge, alors même que cette région a également été soumise à des bombardements aériens répétés.

Dans la ville centrale de Deir el-Balah, la tempête a apporté des vents froids et inondé un abri derrière un hôpital, envoyant des torrents d’eau couler entre les tentes. «La situation est catastrophique», a déclaré Ibrahim Arafat, père de 13 enfants qui a fui Shijaiyah.

En raison des combats et du blocus de Gaza par Israël, le système de santé et les opérations d’aide humanitaire se sont effondrés dans de grandes parties du territoire, et les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre la famine et la propagation de maladies parmi les personnes déplacées.

Les frappes israéliennes ont touché dans la nuit deux bâtiments résidentiels dans la province méridionale de Khan Younès, où les forces terrestres israéliennes avaient lancé une nouvelle ligne d’attaque au début du mois.

Pressions des États-Unis 

Biden a affirmé mardi qu’il avait dit au premier ministre Benyamin Nétanyahou qu’Israël perdait le soutien international en raison de ses «bombardements à l’aveugle» et que M. Nétanyahou devrait changer son gouvernement, qui est dominé par des partis d’extrême droite.

Mais l’offensive est menée par un cabinet de guerre qui comprend deux généraux à la retraite politiquement centristes et qui bénéficie d’un soutien écrasant parmi les Israéliens de toutes allégeances politiques.

En Israël, l’attention est toujours concentrée sur les atrocités perpétrées le 7 octobre, lorsque quelque 1200 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils, et quelque 240 personnes ont été prises en otage, dont environ la moitié sont toujours en captivité. L’armée affirme que 115 soldats ont été tués lors de l’offensive terrestre.

Il y a eu peu de couverture médiatique ou de débat public sur le sort des civils à Gaza, même si l’indignation internationale continue de monter.

Plus de 18 400 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, dont les décomptes des conflits précédents correspondent aux chiffres israéliens et onusiens. Le ministère ne fait pas de différence entre les décès de civils et de combattants, mais affirme qu’environ les deux tiers des morts sont des femmes et des mineurs.