Les Italiens achèteraient moins d’huile d’olive, à cause de la flambée des prix

MILAN — Un tiers des Italiens auraient réduit leur consommation d’huile d’olive extra vierge, véritable pilier du régime méditerranéen, en raison de la flambée des prix, selon un sondage publié vendredi.

Mais les producteurs italiens contestent ces chiffres, affirmant que le coup de sonde sur la confiance des consommateurs ne donne pas une image complète et qu’en fait, les ventes d’huile d’olive extra vierge italienne de meilleure qualité seraient, elles, en hausse.

Les répondants au sondage italien ont déclaré avoir réduit leur consommation d’huile d’olive extra vierge d’au moins 30 %, voire de moitié, alors que les prix moyens des supermarchés sont passés de 4 à 9 euros la bouteille d’un litre, selon une enquête de l’institut de recherche indépendant Piepoli.

Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré qu’elles remplaçaient l’huile d’olive par une autre huile de graine moins chère. La marge d’erreur du sondage, mené auprès de 500 adultes italiens, est de plus ou moins 4,4 points de pourcentage.

La baisse de la consommation signalée en Italie est beaucoup moins marquée que dans d’autres pays producteurs d’huile d’olive de la Méditerranée. Car deux années de sécheresse ont considérablement réduit la production en Espagne, le plus grand producteur mondial d’huile d’olive, et ont fait grimper les prix mondiaux.

La Grèce et l’Espagne ont toutes deux vu leurs ventes d’huile d’olive chuter d’un tiers au cours de l’année dernière, selon les estimations de l’industrie.

Même si les chiffres italiens sont moins dramatiques, ils sont quand même trop graves pour que l’industrie les accepte sans broncher. David Granieri, président du consortium oléicole Unaprol, qui représente la moitié de la production italienne, a soutenu que la hausse des prix avait contribué à clarifier le marché, en séparant les huiles d’olive extra vierges de qualité inférieure de celles de première qualité.

Alors que l’enquête Piepoli montre que les consommateurs achètent moins d’huile dans les rayons des supermarchés, M. Granieri soutient toutefois que les données de l’industrie indiquent que les ventes intérieures d’huile d’olive extra vierge produite en Italie, qui peut coûter jusqu’à 14 euros le litre, ont, elles, augmenté de 8 % au cours des deux premiers mois de cette année.

«Le consommateur italien a eu l’illusion que l’huile d’olive est un simple produit de base», grâce aux bas prix dans les supermarchés, a déclaré M. Granieri. «Or, l’huile d’olive n’est pas un simple produit de base: c’est un nutriment au cœur du régime méditerranéen, qui joue également un rôle fondamental sur le plan social (…) C’est quelque chose qui est vivement ressenti en Italie.»

Sara Merigo, PDG de Piepoli, a souligné que le sondage mesurait le sentiment des consommateurs, qui est distinct des chiffres de ventes. Selon elle, la réaction épidermique du milieu est due à la relation étroite qu’ont les Italiens avec leur huile d’olive.

«Ce n’est pas seulement un produit: il nous représente sur la scène internationale et fait partie de notre alimentation depuis des siècles», dit-elle. C’est notamment pour cela que les données ont «frappé» l’imaginaire en Italie.