Le réchauffement climatique s’accélère au lieu de ralentir, selon un rapport de l’ONU

Le réchauffement climatique s’accélère depuis l’époque préindustrielle, atteignant 2,5 à 2,9 degrés Celsius, un réchauffement qui dépassera largement le seuil climatique international convenu, selon un rapport des Nations Unies.

Pour avoir une chance de maintenir le réchauffement climatique à la limite de 1,5 degré Celsius adoptée dans l’accord de Paris de 2015, les pays doivent réduire leurs émissions de 42 % d’ici la fin de la décennie, a déclaré le Programme des Nations Unies pour l’environnement dans un rapport sur les écarts d’émissions publié lundi. Les émissions de carbone provenant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz ont augmenté de 1,2 % l’année dernière, selon le rapport.

Cette année, la Terre a eu un avant-goût de ce qui l’attend, indique le rapport, qui prépare le terrain pour les négociations internationales sur le climat plus tard ce mois-ci.

Jusqu’à la fin septembre, la température moyenne mondiale quotidienne a dépassé 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux du milieu du 19e siècle pendant 86 jours cette année, selon le rapport. Mais ce chiffre est passé à 127 jours, car la quasi-totalité des deux premières semaines de novembre et tout le mois d’octobre ont atteint ou dépassé 1,5 degré, selon le service climatique européen Copernicus. Cela représente 40 % des jours jusqu’à présent cette année.

Vendredi, la température mondiale a atteint 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels pour la première fois dans l’histoire, selon la directrice adjointe de Copernicus, Samantha Burgess.

«C’est vraiment une indication que nous constatons déjà un changement, une accélération», a signalé l’autrice principale du rapport, Anne Olhoff, du groupe de réflexion danois sur le climat Concito. 

«D’après ce que nous dit la science, c’est comme un murmure. Ce qui se passera dans le futur ressemblera davantage à un rugissement.»

L’objectif de 1,5 degré est basé sur une période mesurée sur plusieurs années et non sur plusieurs jours, ont indiqué les scientifiques. Des rapports antérieurs prévoyaient que la Terre atteindrait cette limite à plus long terme au début de 2029 sans changements draconiens dans les émissions.

Des avancées trop modestes

Pour empêcher que cela ne se produise, les pays du monde doivent définir des objectifs plus stricts pour réduire les émissions de dioxyde de carbone et mettre en œuvre des politiques pour atteindre ces objectifs, a soutenu Mme Olhoff.

Au cours des deux dernières années, seuls neuf pays ont fixé de nouveaux objectifs, ce qui n’a donc pas fait bouger les choses, mais certains pays, notamment les États-Unis et l’Europe, ont mis en place des politiques qui ont légèrement amélioré les perspectives, a-t-elle déclaré.

La Loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui consacre 375 milliards de dollars américains aux énergies propres, réduirait d’ici 2030 les émissions annuelles de dioxyde de carbone d’environ 1 milliard de tonnes, a-t-elle indiqué.

Cela semble beaucoup, mais en 2022, le monde a rejeté 57,4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre et, pour limiter le réchauffement à 1,5 degré, les émissions en 2030 devront être ramenées à 33 milliards de tonnes. Cela représente un «écart d’émissions» de 24 milliards de tonnes.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré que «l’écart en matière d’émissions ressemble davantage à un canyon d’émissions – un canyon jonché de promesses non tenues, de vies brisées et de records battus».

Un objectif peu atteignable

C’est pourquoi le rapport indique que la probabilité de maintenir le réchauffement à 1,5 degré ou moins est d’environ une sur sept, soit environ 14 %, ce qui est «vraiment très, très mince», a souligné Mme Olhoff.

Si le monde veut se contenter d’une limite de réchauffement de 2 degrés Celsius – un seuil secondaire dans l’accord de Paris – il lui suffit de réduire ses émissions à 41 milliards de tonnes, avec un écart de 16 milliards de tonnes d’ici là, indique le rapport.

Étant donné que le monde s’est déjà réchauffé de près de 1,2 degré Celsius depuis le milieu du XIXe siècle, les projections du rapport signifieraient un réchauffement supplémentaire de 1,3 à 1,7 degré Celsius d’ici la fin de ce siècle.