Le pape François appuie des villageois au Pérou qui tentent de protéger leurs terres

QUITO, Équateur — Le pape François s’est rangé samedi aux côtés d’un groupe de villageois péruviens s’étant plaint que des entreprises liées à un puissant groupe religieux aient tenté de l’expulser de ses terres en recourant à des poursuites judiciaires et à d’obscurs titres de propriété.

Dans une vidéo enregistrée depuis sa résidence au Vatican, le pape a envoyé un message de soutien aux membres de la communauté paysanne de San Juan Bautista de Catacaos, dans le nord du Pérou. Ceux-ci résistent depuis 2014 aux poursuites intentées par les entreprises associées à la Sodalitium Christianae Vitae (Sodalité de vie chrétienne).

«Je sais ce qui vous est arrivé, a déclaré le pape en espagnol. Défendez vos terres et ne les laissez pas les voler.»

Le Sodalitium est un groupe laïc qui gère des écoles et des centres de retraite spirituelle dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, mais qui est également impliqué dans des entreprises immobilières, agricoles et de construction.

Le groupe conservateur a été fondé au Pérou en 1971 et a gagné des milliers de membres en Amérique du Sud, où il dirigeait également des maisons abritant des consacrés.

Mais le Sodalitium a fait l’objet d’une surveillance accrue ces dernières années après que son fondateur et certains de ses principaux dirigeants eurent été accusés d’avoir commis des abus sexuels sur des enfants.

Les procureurs péruviens ont également ouvert des enquêtes sur les finances de Sodalitium et ont accusé le groupe de cacher de l’argent sur des comptes bancaires extraterritoriaux.

En juillet dernier, le Vatican a mis sur pied une commission de haut niveau au Pérou pour enquêter sur les actions du Sodalitium et déterminer si le groupe devait être dissous. La commission était dirigée par l’un des principaux procureurs du Vatican pour les affaires d’agression sexuelle et ses membres se sont entretenus avec des journalistes, des dirigeants de Sodalitium et des victimes d’agression.

Au cours de la visite, les enquêteurs du Vatican ont également rencontré des membres de la communauté paysanne de Catacaos.

Les villageois ont accusé la Sodalitium d’avoir tenté de s’emparer de 1900 hectares de terres cultivées par leur communauté pendant des siècles, au moyen de faux documents affirmant que les terres avaient été achetées par un groupe d’entreprises locales.

Les villageois ont également affirmé avoir été harcelés par des dizaines de poursuites judiciaires.

En ce moment, un tribunal péruvien examine toujours le différend foncier.

Samedi, le pape François a exhorté les villageois de Catacaos à persister dans leurs efforts pour défendre leurs terres, où ils élèvent du bétail et produisent du miel.

«Merci de faire ce que vous faites, a-t-il affirmé. Je vous donne ma bénédiction et n’oubliez pas de prier pour moi.»

Le message du Pape a été partagé samedi alors que la communauté de Catacaos célèbre son 466e anniversaire. 

Son chef actuel, Marcelino Ynga, a remercié le pape pour son message et a ajouté qu’il espérait que le Vatican prendrait bientôt une décision sur l’avenir du groupe.

L’avocat de la communauté, Carlos Rodriguez, a déclaré que le message du pape apportait une «réparation» aux villageois et «reconnaissait leur lutte».

«Ces agriculteurs ne sont pas des délinquants, a-t-il indiqué. Ce sont des défenseurs de leurs terres.»