Israël frappe Rafah; l’Unicef s’inquiète; Biden dénonce

Au moins 22 personnes, dont des enfants et des femmes, ont été tuées dans quatre frappes aériennes israéliennes dans la nuit de jeudi à vendredi dans le centre de la bande de Gaza et dans la ville méridionale de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, ont indiqué des témoins et des responsables hospitaliers.

Les frappes ont touché un immeuble résidentiel à Rafah, tuant huit personnes, et un jardin d’enfants transformé en refuge pour les personnes déplacées dans la ville centrale de Zuwaida, tuant cinq personnes. Les morts et les blessés ont été transportés dans les hôpitaux voisins, où des journalistes de l’Associated Press ont pu voir les corps. Une frappe a tué neuf personnes à Deir al-Balah.

Plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza ont fui vers Rafah, suivant les ordres d’évacuation israéliens avant l’extension de l’offensive terrestre de l’armée. Les ordres d’évacuation couvrent désormais les deux tiers de la minuscule enclave assiégée.

Même dans les zones de refuge, telles que Rafah, Israël lance régulièrement des frappes aériennes contre ce qu’il considère comme des cibles du Hamas. Il tient le groupe militant pour responsable des victimes civiles parce qu’il opère à partir de zones civiles. Le président Joe Biden a déclaré jeudi qu’il considérait que la conduite de la guerre par Israël était «démesurée».

Les forces terrestres israéliennes se concentrent toujours sur la ville de Khan Younis, juste au nord de Rafah, mais le premier ministre Benjamin Nétanyahou a averti à plusieurs reprises cette semaine que Rafah serait la prochaine cible, ce qui a semé la panique parmi les centaines de milliers de personnes déplacées.

Les propos de M. Nétanyahou ont également alarmé l’Égypte, qui a déclaré que toute opération terrestre dans la zone de Rafah ou tout déplacement massif de population de l’autre côté de la frontière compromettrait le traité de paix conclu avec Israël il y a 40 ans. La frontière entre Gaza et l’Égypte, en grande partie fermée, est également le principal point d’entrée de l’aide humanitaire.

L’offensive aérienne et terrestre menée par Israël depuis quatre mois, déclenchée par une attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre, a tué plus de 27 000 Palestiniens, chassé la plupart des habitants de leurs maisons et poussé un quart de la population vers la famine. Un quart des habitants de Gaza meurent de faim.

Plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été chassés par l’offensive militaire israélienne vers la frontière égyptienne. Incapables de quitter le minuscule territoire palestinien, plusieurs vivent dans des camps de tentes improvisés ou dans des abris gérés par l’ONU qui débordent.

La guerre a commencé avec l’assaut du Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours duquel les militants ont tué environ 1200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé quelque 250. Le Hamas détient toujours plus de 130 otages, mais une trentaine d’entre eux seraient morts.

Inquiétudes de l’Unicef

L’agence des Nations Unies pour l’enfance a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute escalade militaire à Rafah, à l’extrémité sud de la bande de Gaza, rappelant qu’il y a plus de 600 000 enfants dans le secteur, dont certains ont été déplacés plus d’une fois depuis le début de la guerre, il y a quatre mois.

La directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell, a déclaré dans un communiqué jeudi que l’escalade militaire à Rafah marquerait «un nouveau tournant dévastateur» dans le conflit.

Elle a ajouté qu’elle pourrait faire des milliers de morts supplémentaires en raison de la violence ou du manque de services essentiels, et perturber encore davantage l’aide humanitaire.

«Nous avons besoin que les derniers hôpitaux, abris, marchés et systèmes d’approvisionnement en eau de Gaza restent fonctionnels, a déclaré Mme Russell. Sans eux, la faim et les maladies monteront en flèche, entraînant la mort d’un plus grand nombre d’enfants.»

Mme Russell a appelé toutes les parties au conflit à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, ce qui implique notamment de veiller à épargner les civils et les infrastructures civiles.

Biden dénonce

Le président Joe Biden a qualifié jeudi de «démesurée» la réponse militaire d’Israël à Gaza et déclaré qu’il continuait à travailler «sans relâche» pour inciter Israël et le Hamas à s’entendre sur une pause prolongée dans les combats.

«Je suis d’avis, comme vous le savez, que la réaction dans la bande de Gaza a été démesurée», a déclaré M. Biden lors d’un échange avec les journalistes, jeudi soir, après avoir commenté le rapport d’un avocat spécial sur sa gestion de documents classifiés.

M. Biden a ajouté qu’il continuait à faire pression en faveur d’une pause prolongée dans les combats à Gaza afin de faciliter la libération des dizaines d’otages encore en vie qui ont été capturés lors de l’attaque du 7 octobre contre Israël.